Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/257

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LE COMTE avec feu.

Cet homme ! cet homme ! où est-il ?

ANTONIO.

Où il est ?

LE COMTE.

Oui.

ANTONIO.

C’est ce que je dis. Il faut me le trouver, déjà. Je suis votre
domestique ; il n’y a que moi qui prends soin de votre jardin ; il y tombe
un homme, et vous sentez…. que ma réputation en est effleurée.

SUZANNE bas à Figaro.

Détourne, détourne.

FIGARO.

Tu boiras donc toujours ?

ANTONIO.

Et si je ne buvais pas, je deviendrais enragé.

LA COMTESSE.

Mais en prendre ainsi sans besoin….

ANTONIO.

Boire sans soif et faire l’amour en tout temps, Madame ; il n’y a que çà
qui nous distingue des autres bêtes.

LE COMTE vivement.

Répons-moi donc, ou je vais te chasser.

ANTONIO.

Est-ce que je m’en irais ?

LE COMTE.

Comment donc ?

ANTONIO se touchant le front.

Si vous n’avez pas assez de çà pour garder un bon domestique, je ne suis
pas assez bête, moi, pour renvoyer un si bon maître.

LE COMTE le secoue avec colère.

On a, dis-tu, jeté un homme par cette fenêtre ?

ANTONIO.