Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/259

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FIGARO.

Oui, revenu tout exprès avec son cheval, de la porte de Séville, où
peut-être il est déjà.

ANTONIO.

O ! non, je ne dis pas çà, je ne dis pas çà ; je n’ai pas vu sauter de
cheval, car je le dirais de même.

LE COMTE.

Quelle patience !

FIGARO.

J’étais dans la chambre des femmes en veste blanche : il fait un
chaud !… J’attendais là ma Suzanette, quand j’ai ouï tout à coup la
voix de Monseigneur et le grand bruit qui se fesait ; je ne sais quelle
crainte m’a saisi à l’occasion de ce billet ; et s’il faut avouer ma
bêtise, j’ai sauté sans réflexion sur les couches, où je me suis même un
peu foulé le pied droit. (il frotte son pied.)

ANTONIO.

Puisque c’est vous, il est juste de vous rendre ce brinborion de papier
qui a coulé de votre veste en tombant.

LE COMTE se jette dessus.

Donne-le-moi. (il ouvre le papier et le referme.)

FIGARO, à part.

Je suis pris.

LE COMTE à Figaro.

La frayeur ne vous aura pas fait oublier ce que contient ce papier ni
comment il se trouvait dans votre poche ?

FIGARO embarrassé fouille dans ses poches et en tire des papiers.

Non sûrement…. mais c’est que j’en ai tant ; il faut répondre à
tout…. (il regarde un des papiers.) Ceci ? ah ! c’est une lettre de
Marceline en quatre