Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/279

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 COMTE avec humeur.

Qu’est-ce qu’il y a, Mademoiselle ?

SUZANNE.

Vous êtes en colère !

LE COMTE.

Vous voulez quelque chose apparemment ?

SUZANNE timidement.

C’est que ma maîtresse a ses vapeurs. J’accourais vous prier de nous
prêter votre flacon d’éther. Je l’aurais rapporté dans l’instant.

LE COMTE le lui donne.

Non, non, gardez-le pour vous-même. Il ne tardera pas à vous être utile.

SUZANNE.

Est-ce que les femmes de mon état ont des vapeurs, donc ? c’est un mal de
condition qu’on ne prend que dans les boudoirs.

LE COMTE.

Une fiancée bien éprise, et qui perd son futur…

SUZANNE.

En payant Marceline, avec la dot que vous m’avez promise…

LE COMTE.

Que je vous ai promise, moi ?

SUZANNE baissant les yeux.

Monseigneur, j’avais cru l’entendre.

LE COMTE.

Oui, si vous consentiez à m’entendre vous-même.

SUZANNE les yeux baissés.

Et n’est-ce pas mon devoir d’écouter son Excellence ?

LE COMTE.

Pourquoi donc, cruelle fille ! ne me l’avoir pas dit plutôt ?

SUZANNE.

Est-il jamais trop tard pour dire la vérité ?

LE COMTE.

Tu