Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/297

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 des femmes ; on y laisse
former mille ouvriers de l’autre sexe.

FIGARO, en colère.

Ils font broder jusqu’aux soldats !

MARCELINE exaltée.

Dans les rangs mêmes plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une
considération dérisoire ; leurées de respects apparens, dans une
servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en
majeures pour nos fautes ! ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec
nous fait horreur ou pitié !

FIGARO.

Elle a raison !

LE COMTE, à part.

Que trop raison !

BRID’OISON.

Elle a, mon-on Dieu, raison.

MARCELINE.

Mais que nous sont, mon fils, les refus d’un homme injuste ? ne regarde
pas d’où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun. Dans
quelques mois, ta fiancée ne dépendra plus que d’elle-même ; elle
t’acceptera, j’en réponds : vis entre une épouse, une mère tendres, qui
te chériront à qui mieux mieux. Sois indulgent pour elles, heureux pour
toi, mon fils ; gai, libre ; et bon pour tout le monde : il ne manquera
rien à ta mère.

FIGARO.

Tu parles d’or, maman, et je me tiens à ton avis. Qu’on est sot en
effet ! il y a des mille mille ans que le monde roule ; et dans cet océan
de durée où j’ai par hasard attrapé quelques chétifs trente ans qui ne
reviendront plus, j’irais me tourmenter pour savoir à qui je les dois !
tant pis pour qui s’en