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i34 ESSAI ST. R LE GE^RE

mon sentimeut avec d'autant plus de liberté qu'elle n'est point formée en objection contre le genre qOe je défends. On demande si le drame sérieux ou tra- gédie domestique doit s'écrire en prose ou en vers. Par cette question, je vois déjà qu'il n'est point in- différent de l'écrire d'une on d'antre manière; et c'est beaucoup. Mais il n'y a pas moyen d'appliquer à ce fait la méthode analogique comme au précé- dent : ici toutes raisons de préférence manquent, hors celles qui peuvent se tirer de la nature même des choses. Etablissons-les donc avec soin : l'exem- ple de M. de Lamothe, quoiqu'un peu étranger à la question, ne servira pas moins à y répandre nn grand jour. L'essai malheureux, qu'il fit delà prose dans son OEdipe entraîne beaucoup d'esprits , et les porte à se décider en faveur des vei-s. D'un autre côté, M.Diderot, dans son admirable ouvrage .sur l'art dramatique, se décide pour la prose; mais seu- lement par sentiment, et sans entrer dans les rai- sous qu'il a de la préférer. Les partisans des vers dans le fait de M. de Lamothe, avoient aussi jugé par sentiment; les uns et les autres ont également raison, })arcequ'ils sont d'accord au fond. Ce n'est que faute d'explication qu'ils semblent divisés, et cette opposition api^arente est préciiément ce qui juge la question.

Puisque M. de Lamothe vonloit rapprocher son langage de celui de la nature , il ne devoit pas choi- sir le sujet tragique de son drame dans le.s familles Ue Cadmus, de Tantale , ou d'Atrce et Thieste. Ces temps héroïques et fabuleux, oii l'on voit agir pèle- nièle et se confondre par-tout les dieux et les héros, grossissent à notre imagination les objets qu'ils présentent, et portent avec eux un merveilleux, pour lequel le rlivihme pompeux et cadencé de la versification semble avoir été inventé, et auquel ii

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