Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/33

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SUR BEAUMARCHAIS. xxvij

siijues? Certes, si ce monologiic n'avoit pas eu pour les malins spectateurs tout rintérèt d'un pamphlet Lieu hardi , ils l'auroieiit conspué comme la plus nioastrueuse idée qui fur jamais sortie d'uu cer- veau dramatique. L'auieur le savoit bien , et tout son talent ici est d'avoir parfaitement jugé les dis- positions de son auditoire. Le style de la Folle Jour- née étincelle de saillies fort gaies , de traits, spiri- tuels et satiriques, aiguisés par l'expression la plus piquante : plusieurs sont restés dans la mémoire, et prennent place comme proverbes dans la conver- s;ition. Mais le mauvais ton et le mauvais goût , le jargon barroque mêlé d'emphase et de trivialité , les plaisanteries bannales et les froids quolibets s'y trouvent répandus avec la même profusion. Les meilleurs morceaux qui soient sortis de la plume de Beaumarchais ne sont pas exempts de cette fâ- cheuse bigarrure. Il a véritablement un style à lui , et ce style est le ruème dans tout ce qu'il a écrit. Que l'on compare ses mémoires et ses comédies, et que l'on fasse abstraction, comme de raison, de tout ce qui tient essentiellement au genre plus grave desfacCums , c'est-à-dire du ton d'indignation éloquente à laquelle l'auteur s'élève quelquefois , et des procédés de cette dialectique vigoureuse et puissante avec laquelle il poursuit ses adversaires, ou apercevra facilement , dans ses ouvrages de bar- re;iu et de théâtre , les mêmes mouvements , les

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