Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/35

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SUR RF.AUMAll(,HAIS. xxÛ^

IVxécution répondit mal à la grandeur du projcïet à l'iiupliase de l'annonce. Le prologue , où l'auteur établissoit le principe de cette égalité naturelle que détruisent le liasard de la naissance et l'aven- gle distril)ulion détafs qui en résulte , parut l'idée la plus tri.stenient bizarre qu'on eût encore mise en œuvre sur la scène de l'Opéra ,ce pays des aimables chimères et du mer\eilleux. La pièce elle- même, malgré le fracas des événements, la singu- lière opposition des personnages , et le mélange de tous les tons, fut trouvée un ouvrage aussi ennuyeux que beaucoup d'autres du même genre, où seule- nieat on n'avoit pas fait tant de frais pour cela. La versiiication en est un modèle achevé de dureté, de prosaïsme , de platitude et de bouflîssure. On citera long-temps , comii-e un chef-d'œuvre de ridicule •> ces vers que chantoit un chœur de paysans :

î^otre amour est pour la pâture , Et tous nos soins Sont pour nos foms.

r>eauniai'chais les a retranchés à la reprise de son oj)cra , et c'est de sa part un acte de docilité dont il faut lui savoir gré. Personne n'étoit moins que lui propre au travail des vers , qui exige plus de soin que la prose, une plus grande délicatesse dans le choix et dans l'arrangement des mots. Il a fait dans Sij vie quelques chansons , dont la meilleure , ou du

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