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des représentants de la commune, pour être entendu. Ce lundi 14 septembre 1789.

« Signé Vauvilliers, président.
« Brousse des Faucherets, secrétaire. »

M. de Beaumarchais s’est rendu, au jour et à l’heure indiqués, dans la salle de l’assemblée ; et, toutes les pièces du procès ayant été mises sur le bureau pour qu’il en prît une connaissance légale et les discutât publiquement, il a, dans un plaidoyer d'environ une heure et demie


uonça comme ayant dans mes caves soixante mille fusils cachés, dont la municipalité, dit-il, avait parlait, nu ut fniiiiaîssiuicc, il commit un délit public qui serait devenu d’une terrible conséquence, si l’assemblée, sur la loi de ce membre, et sans preuve, se lût hâtée de me décréter d’accusation, comme vous l’avez fait sur la foi du législateur Lecointre, et sans que l’on m’ait entendu. Les conséquences, dis-je, en eussent été terribles, car j'étais alors à Paris ; et soixante mille

, démontré fusils supposés dans mes caves me faisaient plus l’absurdité, la calomnie, le iec et l’odieux de toutes j que soupçonner de trahison contre la France. Le les imputations qui lui étaient faites par des gens qu’il n’a jamais vus ni connus ; et, lui retiré, l’assemblée, ayant mûrement délibéré sur les attaques et la défense, a prononcé le jugement qui suit :

Extrait du procès-verbal de l’assemblée des représentants de la commune de Paris.

« L’assemblée, après avoir pris lecture des pièces mises sur le bureau, contre M. Caron de Beaumarchais, et l’avoir entendu dans sa justification,

Déclare que rien ne s’oppose à ce que M. de Beaumarchais reprenne sa place dans l’assemblée.

Signé Vauvilliers, Blondel et Vincendon, présidents.
« De Joly, secrétaire. »

M. de Beaumarchais a remercié l’assemblée, et a repris à l’instant sa place entre les honorables membres qui venaient de l’en juger digne. Et le souffle des gens de bien a fait évanouir les fantômes hideux qui la lui disputaient.


Je certifie tous les extraits de l’assemblée des représentants de la commune conformes aux originaux dans mes mains. Ce 18 septembre 1789.

Signé Caron de Beaumarchais.


PÉTITION

DE

PIERRE-AUGUSTIN CARON BEAUMARCHAIS

À LA CONVENTION NATIONALE

Londres, ce 16 décembre 1791,

l’an 1er  de la république.

Citoyen président,

peuple, épouvanté par tous les genres de terreurs, m’aurait massacré sans pitié, car il n’eût pas douté qu’on ne vous eût fourni les preuves de cette déclaration atroce, puisque vous aviez prononcé sur-le-champ contre moi le décret d’accusation ; heureusement vous ne l’avez pas fait alors,

Qui me sauva de cet affreux péril, qu’un mensonge avait enfanté ? Un autre mensonge innocent, à l’instant proféré par un membre de l’assemblée, aussi mal instruit que le législaleur Chabot, ci Je sais ce que c’est, vous dit-il : c’est un traité conclu avec le ministère ; il y a trois mois que ces fusils nous sont lien s. n

Le fait de cette livraison était tout aussi faux que l’autre, et je me dis en l’apprenant : « Grand Dieu ! si toutes nos affaires sont traitées avec ce désordre, avec cette légèreté, où es-tu donc, ô pauvre France ? La vie du plus pur citoyen lui peut être arrachée par la fureur, la malveillance, ou seulement la précipitation. Mais si la vie d’un homme et le malheur d’une famille se perdent dans l’immensité des maux qui nous accablent, quel pays libre, ou même assujetti, peut rester la demeure d’un être raisonnable, quand des crimes pareils s’y commettent impunément ? » Voilà ce que je dis alors ; pourtant je restai dans Paris.

Sauvé d’un aussi grand danger, je n’aurais pas même relevé la faute du législateur, si plusieurs menteurs littéraires (ce n’est point littéraires, c’est journaliers que je veux dire) n’eussent pas à l’instant, comme ils font aujourd’hui, dénaturé le fait, en envenimant bien la délation du législateur Chabot, et taisant au peuple abusé le correctif qu’un autre y avait mis, quoiqu’il se fût trompé lui-même.

Déjà l’on avait placardé sur tous les murs de mon jardin que non-seulement j’avais les soixante mille fusils cachés, mais que c’était moi seul qui faisais forger les poignards avec lesquels on devait assassiner le peuple. Sauvez-vous ! disaient mes amis : vous y périrez à la fin. Moi qui ne me sauve jamais tant qu’il me reste une défense, je fis afficher dans Paris ma réponse au législateur Chabot, beaucoup moins grave, en apparence, que le fait ne le comportait ; mais je parlais au peuple, et l’on

Quand le législateur Chabot, dans l’assemblée nationale, et devant beaucoup de ses membres qui depuis ont passé dans cette convention, me dé