Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/691

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forts en location de petites loges ? La part de chacun de vous s’est trouvée amoindrie d’autant : il en doit être ainsi de la mienne, et je ne me rendrai ni plus ni moins rigoureux que vous à l'examen de ces relevés. Mais point de cote mal taillée entre nous : rien n’est plus contraire aux vues honorables dans lesquelles je fais cette recherche.

« Pour mieux nous entendre, substituons l’exemple au précepte ; el permettez-moi de vous proposer une méthode assez simple de calculer et compter ces produits, applicable à toutes les occasions.

« Je suppose, en nombre rond, que vos registres vous ont montré pour les mois de janvier, février el mars 1775, trente mille livres par mois, de petites loges occupées : elles auront donc produil mille livres par jour de recette. «Maintenant, telle pièce nouvelle a été jouée

douze fois dans le cours de ces trois mois ; cela
fait pour cette pièce une recette, en petites loges,

de douze fois mille livres, dont le neuvième, pour l’auteur, est de mille trois cent trente- ■ trois livres six sous huit deniers : rien de plus i facile à vérifier.

« Dans les mois d’avril, mai, juin et suivants, je -oppose qu’il n’y a plus eu que pour vingt mille livres par mois de petites loges occupées ; alors elles n’ont produit que six cent soixante-six li res treize sous quatre deniers de recette par joui’. Si la même pièce a été jouée encore douze fois t pendant ces trois mois, il est clair que cela lui pour celte pièce douze fois six cent soixante-six livres treize sous quatre deniers de recette en pei tites loges, ou huit mille, dont le neuvième, pour < l’auteur, est, sauf erreur, huit cent quatre-vingt- > huit livres dix-sept sous neuf deniers : ainsi des < autres mois et saisons. Qu’est-il de plus aisé i qu’un pareil calcul ?

« Cependant, si cette opération, toute simple < qu’elle est, embarrasse votre comptable, j’ai sous - ma main, messieurs, un des meilleurs liquidateurs de Taris : je l’enverrai nettoyer ce compte ; ( eu huit traits de plume il extraira le produit i net. Vous n’avez qu’à parler.

t Quant aux frais journaliers, sur lesquels vous ■ me mandez qu’oH nepeut donner de compte quepar • y . ■ ». je ne vois pas non plus ce qui vous embarrasse ; un arrêt du conseil les a fixés à trois cents livres par jour ; mais, comme le dit votre lettre, si îles frais extraordinaires varient en raison du choix des pièces, et cela est incontestable, ■ il ne l’est pas moins que les frais extraordinaires ■ d’une pièce une fois connus ne l’ont plus de va- 1 riété sur les diverses représentations de celte « même pièce ; ce qui éloigne tellement toute évaluation arbitraire de ces frais, que, sans vousen " denier, vous en avez l’ait un article fort net du « compte que vous m’avez envoyé.

ci Pour quatre soldats, à vingt sous par h jour, treille deux repn sentations du « Barbier de Séville 128 liv.

<’ Pour quatre livres par jour d’autres « Irais extraordinaires 128

liv. 

« D’où je vois que le Barbier de Séville a coûté, « en frais journaliers, tant ordinaires qu’extraorci dinaires, trois centhuil livrespar représentation. h l’oint d’équivoques à cel égard. ci Cet article n’exige donc pas plus que celui des petites loges unecote maltaillèe. Eh ! croyez-moi, •< messieurs, point de cote mal taillée avec les gens ci de lettres : trop fiers pour accepter des grâces, ci il- sont trop malaisés pour essuyer des pertes. ci Tant que vous n’adopterez pas la méthode du ii i . ni ! | . ii’ exact, ignorée de vous seuls, vous aurez h toujours le déplaisir de vous entendre reprocher ii un prétendu système d’usurpation sur les gens ii de lettres, qui n’esl sûrement dans l’esprit ni ci dans le cœur d’aucun de vous.

ci Pardon si je prends la liberté de rectifier vos (■ idées, mais il s’agit de s’entendre ; el comme ci vous me paraissez, dans voire lettre, embarrassés ci de la meilleure foi du monde à donner une forme ci exacte au plus simple arrêté, je me suis permis ci de vus proposer une méthode à la portée des ci moindres liquidateurs.

ci Deux mois, messieurs, renferment toute la ii question présente : Si l’état que je vous ai renn voyé n’est pas juste, il faut le rectifier ; si vous s le croyez très-exact, il faut le certifier. Voilà « comme on marche en affaires d’intérêts. Je vous remercie des éclaircissements que la ci Comédie veut bien me promettre à ce sujel ; je ci n’en puis désirer aucun avant que les bases fonce damentales de notre compteàrégler soientposées ■ exactement et certifiées par vous ; le reste ne ci sera que des points de l’ail sur lesquels, de votre « part, le oui ou le non, bien réfléchi, me suffira ci toujours.

« J’ai l’honneur, etc. »

Au lieu d’envoyer cette lettre le jour même, je la gardai jusqu’au 31 janvier, qu’elle partit avec le mot suivant :

« J’ai laissé reposer deux jours sur mon bureau, « messieurs, la lettre ci-jointe, avant de vous l’aie dresser. Je viens de la relire à froid ; je n’y « trouve rien qui doive l’empêcher de partir : elle « est l’expression de mon estime et de mes sentici ments pour vous ; elle contient une méthode ci aussi claire qu’aisée pour compter avec les « auteurs, du produit net des petites loges, el des ci irais extraordinaires quelesdrames nécessitent. ci Je vous prie de la lire avec attention, d’en acci cueillir les dispositions, etde vouloir bien mlioi. norer d’une réponse accompagnée de notre