N’épuisez pas le reste de vos forces, ma chère nièce. (Au comte.) Ainsi, tout ce qu’on rapporte à ce sujet n’est donc qu’un faux bruit ?
Daignez revenir sur le passé, et jugez vous-même : comment se pourrait-il…
Vous vous troublez !…
Si je ne suis pas cru, j’aurai pour moi… j’invoquerai les bontés de ma chère Eugénie.
Pourquoi n’osez-vous l’appeler votre femme ?
Qui m’aurait dit que mon indignation pût s’accroître encore !
En vérité, madame, je ne conçois rien à ces étranges discours.
Démens donc, vil corrupteur, le témoignage de tes odieux complices ; démens celui de ta conscience, qui imprime sur ton front la difformité du crime confondu : lis.
Tout est connu.
Il reste anéanti.
Je le suis en effet ; et je dois m’accuser, puisque toutes les apparences me condamnent. Oui, je suis coupable. La frayeur de vous perdre, et la crainte d’un oncle trop puissant, m’ont fait commettre la faute de m’assurer de vous par des voies illégitimes : mais je jure de tout réparer.
Et plus tôt que tu ne crois.
Vous fûtes outragée sans doute, Eugénie ; mais votre vertu en est-elle moins pure ? A-t-elle pu souffrir un instant de mon injustice ? Un profond secret met votre honneur à couvert ; et si vous daigniez accepter ma main, à qui aurai-je fait tort qu’à moi ? L’amant et l’époux ne se confondront-ils pas aux yeux de mon Eugénie ? Ah ! l’égarement d’un jour, une fois pardonné, sera suivi d’un bonheur inaltérable.
Ô le plus faux des hommes ! fuis loin de moi. J’ai en horreur tes justifications. Va jurer aux pieds d’une autre femme des sentiments que tu ne connus jamais. Je ne veux t’appartenir à aucun titre : je sais mourir.
L’abandonnerez-vous en cet état affreux ?
Non, je la suis.
Scène VIII
Elle se croit déshonorée : il suffit ; elle est à moi, elle sera à moi. Ah ! qu’ai-je fait ! Pour l’abandonner, il ne fallait pas la revoir.
Scène IX
Milord ?
Est-ce vous, chevalier Campley ?
C’est moi.
Pardon : encore un moment, et nous sortons ensemble.
Mais ne craignez-vous rien, milord ? Pour une heure aussi avancée, je vois bien du monde sur pied.
Ce sont des valets : je vous rejoins.
Scène
Il y a un grand mouvement dans cette maison : on va, l’on court. J’ai vu du monde dans le jardin : on vient d’en fermer la porte… Il a l’air troublé, milord… L’explication doit avoir été orageuse.
Scène XI
Le voilà à ses genoux, l’instant est favorable : allons.
Scène XII
Ha ! ha ! cette voix a un rapport singulier… (Il se promène en faisant le geste de quelqu’un qui rejette une