Ni paix ni trêve !
L’horreur du glaive
Fera la loi.
C’est moi, c’est moi !
Qui veut la gloire
À la victoire
Vole avec moi !
C’est moi, c’est moi !
Je ne puis soutenir la clameur importune
D’un peuple entier sourd à ma voix.
(Il veut descendre.)
Ce choix est une injure à tous tes chefs commune :
Il attaque nos premiers droits.
L’arrogant soldat de fortune
Doit-il aux grands dicter des lois ?
Apprends, fils orgueilleux des prêtres,
Qu’élevé parmi les soldats,
Tarare avait, au lieu d’ancêtres,
Déjà vaincu dans cent combats ;
(Avec un grand dédain.)
Qu’Altamort enfant, dans la plaine,
Poursuivait les fleurs des chardons
Que les Zéphyrs, de leur haleine,
Font voler au sommet des monts.
Sans le respect d’Atar, vil objet de ma haine…
Du destin de l’État tu prétends décider !
Fougueux adolescent, qui veux nous commander,
Pour titre, ici, n’as-tu que des injures ?
Quels ennemis t’a-t-on vu terrasser.’
Quels torrents osas-tu passer ?
Où sont tes exploits, tes blessures ?
Toi, qui de ce haut rang brûles de t’approcher,
Apprends que sur mon corps il te faudra marcher.
(Il tire son sabre.)
Ô désespoir ! ô frénésie !
Mon fils !…
À ce brigand j’arracherai la vie.
Calme ta fureur, Altamort.
Ce sombre feu, quand il s’allume,
Détruit les forces, nous consume :
Le guerrier en colère est mort.
(Il tire son sabre.)
Le temple de nos dieux est-il donc une arène ?
Arrêtez !
J’obéis…
(À Altamort, lui prenant la main.)
Toi, ce soir, à la plaine.
(À Calpigi, à part, pendant qu’Atar descend de son tronc.)
Et toi, fidèle ami, sans fanal et sans bruit,
Au verger du sérail attends-moi cette nuit.
(Atar lui remet le bâton de commandement, au bruit d’une fanfare. Grande marche pour sortir.)
Brama ! si la vertu t’est chère,
Si la voix du peuple est ta voix,
Par des succès soutiens le choix
Que le peuple entier vient de faire !
Que sur ses pas
Tous nos soldats
Marchent d’une audace plus fière !
Que l’ennemi, triste, abattu,
Par son aspect déjà vaincu,
Sous nos coups morde la poussière !
ACTE TROISIÈME
Scène I
Les jardins éclairés ! des bostangis ! Pourquoi ?
Quel autre ose au sérail donner des ordres ?…
Moi.
Seigneur… puis-je savoir…
Ma fête à ce que j’aime ?
Est fixée à demain, seigneur ; c’est votre loi.
Moi, je la veux à l’instant même.
Tous mes acteurs sont dispersés.
Du bruit autour d’Irza ; qu’on danse, et c’est assez.
Ô l’affreux contre-temps ! De cet ordre bizarre
Il n’est aucun moyen de prévenir Tarare !
Quel est donc ce murmure inquiet et profond ?
Je dis… qu’on croira voir ces spectacles de France
Où tout va bien, pourvu qu’on danse.