titres que je réclame, et même tous ceux que je ne réclame point.
Enfin, sous quelque aspect qu’on envisage la disparition de plus de cent mille livres en titres actifs contre moi, attestés par l’acte du 1er avril, dès qu’il est constant que je devais cent trente-neuf mille livres, dès qu’il est constant que leurs titres existaient, soit qu’on veuille que M. Duverney me les ait remis, soit qu’il les ait brûlés comme inutiles, soit qu’on les ait enlevés de son secrétaire à sa mort, leur non-existence au scellé prouve invinciblement et nécessairement la véracité de l’acte du 1er avril, entre M. Duverney et moi.
Résumons. J’ai droit de réclamer ces contrats, ces reconnaissances, cette foule de pièces qui peuvent me nuire en des mains étrangères. Je vous les demande armé d’un titre, et vous me faites un tort de ce que vous ne me les rendez pas. Et, de ce que vous ne me les rendez pas, vous en concluez vicieusement qu’ils n’ont jamais existé ! Puis, faisant de cette conclusion vicieuse le principe d’une autre conclusion plus vicieuse encore, vous ajoutez : Ces titres n’ont jamais existé ; donc, l’acte qui les atteste et les réclame est chimérique et frauduleux.
Mais si vous parveniez à faire confirmer l’arrêt (ce qui fait frémir à penser), lorsqu’un jour vous viendriez me demander le payement de ces cent mille livres, qu’aurais-je à vous répondre ? Quoi ? que vous avez tort de me les présenter à payer, parce que vous avez soutenu en plaidant que ces titres n’existaient pas.
A la vérité, me diriez-vous, ils n’existaient pas au scelle ; mais je les retrouve entre les mains de M. tel, à qui M. Duverney les avait confiés : vous les deviez, vous les avez avoués ; enfin les voici : l’acte qui en portait l’acquittement est annulé ; donc il faut les payer.
Je vous jure, monsieur le comte, que je ne répliquerais pas un mot, tant ce raisonnement me semblerait juste : aussi n’est-ce pas vous alors qui auriez tort envers moi, mais bien l’arrêt d’annulement.
Ainsi désarmé, dépouillé, blessé deux fuis par une arme à deux tranchants, après avoir payé cent mille francs à M. Duverney, j’aurais perdu mon procès, parce que les titres n’en existaient pas au scellé ; et, le procès perdu, je serais tenu de les payer à son légataire une seconde fois, parce que ces titres existaient ailleurs. Êtes-vous bien résolu maintenant de presser la confirmation de l’arrêt ? voilà pourtant ce qui en résulterait contre moi. ARTICLE XIII.
Toujours M. Duvernej qui parle.
« Plus, je m’engage a lui rendre toutes les let" très, papiers, sollicitations, etc., que la famille « royale m’a faites ou fait faire pour lui, et qu’il « appelle ses lettres de noblesse. » Vous vous êtes bien gardé, monsieur le comte, de produire au procès ces précieuses sollicitations qui ont fondé l’attachement de M. Duvernej pour moi. Vous avez craint qu’un ne vît, dans les re commandations les [dus pressantes, la source d’une amitié sur laquelle vous vouliez répandre un nuage funeste à mon existence el à la mémoire de votre bienfaiteur. Mais vous me les rendrez toutes, car j’en ai des copies, el elles ont été inventoriées : une lettre de l’exécuteur testamentaire me l’atteste. Vous aviez intérêt à les taire : vous n’en avez rien dit nulle part ; et c’est le seul point de tous vus plaidoyers où vous ayez été conséquent. Seulement, à la page to de votre dernier mémoire, lorsque vous voulez établir qu’en 1701 je n’avais pu placer soixante mille livres à dix pour cent sur M. Duverney, vous glissez bien insidieusement une prétendue phrase d’un de nies billets, daté de juillet 1762, c’est-à-dire d’un an après, où vous me faites écrire ces mots : Pour sortir du malheur opinidtn qui me poursuit… el vous en concluez que je n’avais rien, puisque j’étais si malheureux
Citateur fidèle el toujours de bonne loi, montrez-le donc aux juges ce billel un j’écrivais les mois que vous elle/ ! ilsverroui de quelle main respectable est le billet ; ils verront de quel endroil il i’st date ; ils verront qu’il porte celle phrase : Nous voudrions bien qu’il put sortir enfin <lu malheur opiniâtre qui le poursuit, et non quime poursuit !
Alors, se rappelant que mes augustes bienfaitrices savaient bien que M. Duverney s’était obligé dénie faire avoir un intérêt dans les vivres de Flandre, el, de’ne l’avoir pu, qu’il m’avail prêté cinq cent mille livres pour acquérir u ? harge qu’on m’avait, enlevée, el que tous les efforts de la plus puissante protection ne m’avaient servi qu’à me procurer les modiques fonds dont M. Duverney me faisait depuis un an la rente a dix pour cent, ils concluront que ce billet, plein de bonté, de grâce el d’intérêt, ne prouve pas en 1762 que je n’eusse point placé une somme en 176 !, niais ■ pie beaucoup d’efforts généreux en nia faveur n’avaient eu depuis aucun succès.
Alors, pour échapper un moment au deguùl du liscussion aussi triste, ils réfléchiront avec moi que, dans le malheur opiniâtre qui mepoursuii —ut et m’empêchait de réussir à rien, j’étais pourtant la plus fortunée créature’lu monde, puisque,’Vim côte, ce qu’il y avait de plus grand, de plus vertueux el de plus auguste en France ne dédaignait pas de me recommander en termes aussi pressants a M. Duverney, et que, de l’autre, le plus digne ami avait la boule de s’affliger de ne pouvoir m’arracher, malgré tous ses efforts, ou malheur opiniâtre qui me poursuivait.
Ainsi, toujours pauvre et battu des événements, marchant sans arriver, toujours près d’être riche