Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/478

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seigneur ON lui-même, paraîtrait, je pense, assez applicable à la question, surtout si cette réponse disait :

« J’ai reçu, monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 19 de ce mois. On a ue saurait être plus sensible que je le suis à tout ce que vous voulez bien m’y dire d’obligeant, et je saisirai avec bien du plaisir les occasions <’■ vous en prouver ma reconnaissance. < J’avais bien imaginé, monsieur, que vous seriez content du mémoire de M. de..., etc. Je ne pense pas que ce soit encore le moment de le produire et de le rendre trop public ; et mon intention, qm j père qui vous approuverez, est ii de ni en tenir, quant à présent, à le communiquer à un certain nombre de personnes choisies, etc. ci Je ferai très-volontiers usage de vos dispositions à le faire connaître et à lui faire prendre fax oui : •i et je vous prie d’en recevoir d’avance tous mes , - un i cii ments. J’ai l’honneur d’être, avec un très-u parfait attachement, votre, etc.

« Signé Pâris Duverney. »

Et si, au bas de cette lettre, ON voyait écrit, de la même main que le corps de la lettre, ces mots M. de Beaumarchais, qui prouveraient qu’elle me fut écrite, aurais-je si mauvaise grâce d’en conclure qu’en 1760, temps auquel (>. soutienl que M. Duverney me connaissait à peine, et quoique je fusse alors plus jeune de dix ans qu’en 1770, époque de notre arrêté de compte, M. Duverney, par dépit du profond mépris que les soussignés et le seigneur o.N affectent pour ma grande jeunesse ; que M. Duverney, dis-je, avait déjà tant d’estime et de considération pour moi, qu’il me mettait au nombre des personnes choisies auxquelles il confiait la lecture et le jugement d’un mémoire qui lui importait ; « gw’il avait bien imaginé que j’en serais content ; vil espérait que j’approuverais ses vues à cet égard ; v»’il ferait très-volontiers usage de mes dispositions à lui faire prendre faveur ; qu’il me priait d’en recevoir d’avance tous ses remerciements ; qu’il saisirait avec bien du plaisir les occasions de me prouver sa reconnaissance de tout ce que je voulais bien lui dire d’obligeant ; enfin, qu’on ne pouvait y être plus sensible qu’il l’était, etc.. » Mi ! ah 1 messieurs, voici pourtant qui n’est ni froid, ni sec, ni dédaigneux : il y a plus ici que de I e ii ’i de la considération ; on y va jusqu’à la reconnaissance !

Mais puisque vous avez bien voulu citer, quoiqu’on la mutilant, ma lettre du 19 juin, à laquelle celle-ci répond, je voudrais qu’ON me fît le plaisir il 1, la joindre au sac e iginal, afin que M. Ii ■ appoi teur et les autres juges c aissenl bien le ton qui régnait dès ce temps entre le vieillard dédaigneux et le jouvenceau dédaigné ; surtout qu M- j voient auprès de qui je devais faire prendre futur à ce mémoire chéri, et pourquoi M. Duverney croyait déjà me devoir tant de reconnaissance .

Cependant, comme on pourrait objecter que cette lettre est ostensible, et que buis ces témoignages publics de haute considération et de reconnaissant n’emportent pas la nécessité d’une amitié particulière et d’une liaison mystérieuse u e laisser de côté la considération qu’il m’accordait publiquement, et chercher un morceau transitoire qui nous rapproche un peu des preuves d’un commerce très-familier. Nous joinependant cette seconde pièce au procès. J’ai retrouvé, je ne sais où, sous mon bureau, je crois, dans le seau des papiers inutiles, n’importe, un fragment de lettre déchirée : elle est de M. Duverney ; l’écriture est de ses bureaux, et ce nom, M. de Beaumarchais, écrit de la même main au bas du papier, prouve encore que cette lettre m’était adressée.

J’avais apparemment proposé à M. Duverney de lui envoyer ou de lui présenter quelqu’un : peut-être avait-il oublié de tenir sa porte ouverte à l’assignation donnée, et lui en avais-je fait un reproche auquel il répondait, puisque le fragment qui me reste porte encore ces mots u ... le voir chez moi ; mais je consens volontiers que vous lui teniez la parole que vous lui avez donnée de l’y faire venir. J’ai l’honneur d’être très-parfaitement... » Très-parfaitement est sec, interrompt vivement le comte de la Blache. Fort sec, dit en écho ^’m écrivain. Très-parfaitement est des plus n effet, disent gravement les soussignés, et point du tout obligeant. De plus, ce fragment, quoique d’une date inconnue, est certainement postérieur à la première lettre que vous avez citée. Donc, M. Duverney avait déjà perdu cet attachement éphémère qu’un peu de poudre aux yeux lui avait d’abord inspiré pour vous. Très-parfaitement ! rien de plus sec. en vérité.

— Ah ! messieurs, que vous êtes vifs ! puisque je cite ce fragment, il faut bien qu’il contienne autre chose que très-parfaitt m< ni. |,iv- très-parfaitement, votre très-humble, etc., signé Paris Duverney, le commis qui a écrit ci pie sente la lettre à la signature se relire ; et M. Duverney, qui la relit, la trouvant, comme vous, s, sans doute un peu trop sèche, , ajoute ces mots de sa main :

,, Ma réponse vous surprendrait, si je ne vous disais pas que ma mémoire est quelquefois infidèle ci que souvent je n’entends pas ce qu’on li nie dit. "

Voilà pourtant, messieurs, une espèce d’excuse d’avoir manqué le rendez vous ! cl cette excuse, il ne i.i fait pas ajouter par son secrétaire ! cl la sécheresse du style de bureau, celle du très-parfaitement, il la corrige lui-même, dans un pos<scriptum obligeant qu’il met, tout de sa main, au