Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/569

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Daudet combien sa présence m’est importune 11, » etc.

Mais moi qui tiens l’expédition timbrée que j’ai tirée du greffe criminel, de toutes ses lettres déposées, j’y trouve, à la date du 14 novembre 1780 (c’est-à-dire deux mois après son séjour à Bâle), une lettre au sieur Daudet, commençant par ces mots : Vous trouverez, mon cher ami, sous ce pli, le modèle de l’engagement en question, etc.

Eh quoi ! toujours mon cher ami ! au corrupteur avéré de sa femme ! deux mois après le séjour de Bâle !

En honneur, ce second libelle est plus menteur que le premier ! et partout la même logique.

J’ai combattu, j’ai démasqué, dans d’autres procès qu’on m’a faits, des lâches d’une étrange espèce ; mais jamais aucun d’eux ne s’est vautré, comme ceux-ci, dans la fange d’une telle défense.

résumons nos deux plaidoyers.

Le sieur Kornman vous dit que j’ai tronqué toutes ses lettres, pour en détourner le vrai sens. Moi je les donne tout entières, pour qu’on en voie le vrai sens.

Il dit que je les ai méchamment transposées, pour en faire prendre une fausse interprétation. Moi je les transcris à leur date, et de suite, pour qu’on s’assure bien que je n’y ai mis aucun fard.

Il dit avoir écrit plus de deux cents lettres à sa femme, il nous défie de les montrer. Moi je prouve qu’il n’en a écrit que cinq, et non pas six. J’en transcris fidèlement quatre, qui donnent le ton de la cinquième.

Il dit que ces lettres étaient sévères, celles d’un époux irrité. Et moi je prouve, en les montrant, qu’elles sont les lettres d’un mari honteux de sa conduite et de ses indignes projets.

Il dit que sa femme l'a supplié de la conduire à Bâle chez ses parents. Et moi je prouve, par sa lettre du 27 juillet 1780, que c’est lui qui a proposé ce voyage comme une partie de plaisir, et pour la conduire à Strasbourg, où séjournait le sieur Daudet.

Il dit qu’il avait mis pour condition rigoureuse au voyage de sa femme, qu’elle chasserait les domestiques qui favorisaient son intrigue avec le sieur Daudet. Et moi je prouve, par sa même lettre du 27 juillet à l’ami, que non-seulement il l’a laissée maîtresse de garder ses anciens valets, ou d’en prendre d’autres à son choix ; mais qu’il rend grâces au sieur Daudet d’avoir procuré une si douce bonne à sa femme.

Il dit qu’il la menait chez ses parents à Bâle pour la piv-.Twr de Daudet. Et moi je prouve, par ->■< lettres des 19, 24el 2o août 1780, que Bàle n’était qu’un prétexte pour la mener à Strasbourg, car Strasbourg n’est point la vraie route de Bàle, en I. P.i^c 26 du second libelle.


plus

venant de Paris : on fait trente-deux lieues de si l’on veut passer par Strasbourg.

dit qu’il l’a conduite à Bàle, outre de’ ms scandales 

avec Daudet à Strasbourg. El moi je prouve, par sa lettre à sa femme du ti septembre 1780, qu’il a prié ce même Daudet d’avoir la délicate attention d’aller la visiter (f Baie, après les scandales à Strasbourg.

dit qu’il devint furieux quand il apprit à Bàle, 

à son retour, que le sieur Daudet y était venu de Strasbourg, et avait passé des nuits avec elle. Et moi je prouve, par sa lettre du 13 septembre, de Bai.e, à son ami Daudet, que, loin qu’il en soit furieux, il lui écrit bien tendrement qu’il a laisse sa femme à sa merci.

Il dit ensuite , par un nouveau galimatias , que les visitesdeson cherami n’étaient point dangereuses usa femme, parce qu’elle était chez sis parents à Bàle. Et moi je prouve, par son premier libelle (p. 10), qu’(7 l’avait logée à l’auberge pour qu’elle y fût plus à son aise. Or, dans l’hypothèse du libelle, l’auberge était très-dangereuse. Enfin il dit qu’à son retour à Paris il a l’ail connaître à Daudet que ses visites t’importunaient. Et moi je prouve, par sa lettre au sieur Daudet, du il novembre suivant, qu’il l’appelait son cher ami, deux mois après le séjour de Bàle et les prétendues nuits avérées.

Dans tout ceci, comme l’on voit, nulle mention d’un jeune étranger ; cette fable était réservée p ■ compléter lahonte de son second galimatias. Ainsi, dans deux affreux libelles, pas un seul mot contre sa femme qui ne soit un grossier mensonge El -i j’ai pris la peine. a Mitre grand ennui. Ici leur, de démêler ce qu’il embrouille, d’éclairer ce qu’il obscurcit, c’est pour qu’il vous soit démontre que l’ennemi que je combats est toujours indigne de foi sur ce qu’il impute à sa femme. Mais qu’ai-je besoin d’appuer sur ces preuves de mauvaise foi, lorsqu’ils viennent de taire plaider par leur avocat au Palais que tout ce qu’ils ont dit dans leurpremier libelle n’estqu’un récilforgé dans la tète du sieur Bergasse, fruil de son imagination, controuvé dans toutes ses parties, et que lui, Kornman, n’a certifié véritable que par des excès de déférence pour son vertueux écrivain .’ Les huées mêmes de leurs partisans ayant honoré cet aveu, je n’ajouterai rien à leur houle publique. Revenons aux faits importants, derniers objets de ce mémoire, et traitons-les si clairement, que le lecteur, entraîné par la force de mes preuves, adopte mon exclamation, el s’écrie partout avec moi : vil époux, lâche adversaire ! et misérables raisonneurs !

DERNIÈRE PARTIE A ÉCLAIRCIR.

DÉVELOPPEMENT DES CARACTÈRES ET DÉMONSTRATION DE LEUR PLAN.

Je dois reprendre la question que l’on m’a l’aile