Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/689

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céder terminer à jamais les querelles entre les auteurs et les comédiens ! puisse le résultat qui en va sortir servir de base aux traités subséquents ! Et vous, messieurs, conservez-moi votre amitié, dont je fais autant de cas que j’estime vos talents. Le public souffre de nos éternelles divisions : il est temps qu’elles finissent, et c’est l’affaire d’une bonne explication.

J’ai l’honneur d’être, etc. »

Mes intentions pacifiques étaient si bien expliquées dans celte lettre, que la Comédie ne dut point s’y tromper ; niai-, occupée d’objets plus graves, >lle oublia de me répondre, et le bruit courut à Paris qu’après avoir refusé l’argent des corné diens, je les avais traduits en justice. On voit qu’il n’en était rien. Pour rassurer mes débiteurs, qui pouvaient le craindre, je leur écrivis, le 19 janvier 1777, la lettre suivante :

« Tout le momie me dit, messieurs, que je suis ci en procès avec la Comédie française. On suppose « apparemment qu’il en est du tracas de la vie « comme des plaisirs du spectacle, et qu’un petil procès doit me délasser d’un grand, ainsi que < Patelin détend l’âme après Polyeucte. 11 est vrai <’que j’ai eu l’honneur de vous écrire il y a treize’ c jours sur le Barbier de Séville, et que je n’ai pas < reçu de réponse de vous ; mais un mécontentement, messieurs, n’est pas plus un procès que er iteurs,

« Siijiié Desessarts, pour les semainiers ci ses autres camarades, a

En examinant un bordereau sans signature de personne, cl dont le résultat, toute balance supposée faite, offrait, pour droit d’auteur de trente-deux représentations de ma pièce, quatre mille cinq cent six livres quatorze sous cinq deniers ; en le comparant avec la phrase de la lettre qui disait que ce bordereau di < ompte était fait suivant l’usage obsi rvé i ar la Comêd • a ec messù urs h s autt urs, je conclus, ou qu’on avait oublie de signer celui-ci, ou que les gens de lettres avaient eu grande raison de se plaindre de cette façon légère de c pter avec eux. Je répondis aux comédiens, en leur renvoyant le bordereau le 2i janvier 1777 : ii J’ai reçu, messieurs, l’état que vous m’avez » envoyé des Irais et produits du Barbu rdi s i —//. (i avec la lettre polie de M. Desessarts, qui l’accompagnait : je vous en fais mes reinerciments ; » mai— vus préposés aux relevés qui formenl cel — étal ont oublié de le certifier véritable ; et, sans » cette précaution, vous sentez que tout état est ii plutôt un aperçu qu’un compte en règle. Je vous ii c : ru (cri ohlr. de voulon bisn le faire certifiai" h et me le renvoyer. M. Desessarts, qui lui pratiii cien public avant d’être comédien du roi, vous c assurera que ma demande est raisonnable. c Pour faire cesser le marnais hruil qui court ■I d’un procès idéal entre non-, vous devriez, mesci sieurs, mettre sur votre prochain répertoire le ■ Barbier de Séville:c’est le plus sûr moyen de disc créditer les propos, et de nous venger innocemment de vos ennemis et des miens. « J’ai l’honneur d’être, etc. »

Et le 27 janvier étant arrivé sans que j’eusse aucune réponse à ma lettre, je craignis que mon paquet ne se fut égaré ou que tous les écrivains île |; i Comédie ne fussent malades. J’envoyai donc un exprès, avec ordre de remettre au semainier la lettre suivante:

« Pardon, messieurs, de mon importunité; ce ii n’est qu’un mot : Avez-vous reçu ma lettre enfermant notre compte, que mon domestique h assure avoir remise au suisse de la Comédie le « 24 de ce mois ? Comme il ne faut qu’un moment « pour certifier véritable ua compte auquel on a « mis tout le temps nécessaire, et que voilà trois « jours écoulés sans qu’il me soit revenu, j’ai craint « que la négligence ou l’oubli n’eût empêché ce " paquet de vous parvenir. Je vous prie de vouloir « bien éclaircir ce fait, et me renvoyer votre état c. certifié : je le recevrai par ce même exprès, qui » a l’ordre d’attendre.