Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/731

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de lettres, et d’écorner leur misérable part, est donc vide, à peu près, d’intérêt pour les comédiens. Or il faut me prouver que mes calculs sont faux, ou bien convenir qu’on les trompe, avec le funeste projet de les ruiner entièrement, quand on les fait s’obstiner si longtemps à verser sur les seuls auteurs leur malheureuse économie.

Je dis leur malheureuse, car ce constant refus de la modique différence entre vos offres et leurs demandes leur a déjà coûté plus de cent mille francs de recette, depuis six mois que leur obstination les a privés de vos ouvrages ; joignez-y la scission qui s’est faite entre leurs sujets, et qui est la suite fâcheuse de leur division avec vous : voilà le secret de leurs pertes.

Vous m’avez entendu ; je vais me résumer, et vous prononcerez après.

Yous’ne pouvez avoir, messieurs, de société partielle intéressée avec les comédiens français que pendant un tiers de l’année. Les deux aul consacrés au jeu d : I m ien répertoire ; et quand ils ne jouent pas vos pièces, leur théâtre vous est étranger autant que s’il n’existait point. Le tiers de trois cent cinquante jours qui composeront désormais J’année théâtrale des spectacles donne un peu plus de cent seize jours ; moi, je l’abonne à cent vingt jours.

De ces cent vingt jours-là, un tiers serait rempli l’ii— vos pièces eu cinq actes, lesquellemille cent livres de recette commune, dont nous sommes tombés d’aco livres de frais prélevés, lesquels sont l’objet du débat), laisseraient au partage mille quatre cents livres de recette, dont le septième, pour vous, serait deux cents livres par jour, pendant le tiers des cent vingt jours, ou quarante jours de spectacle. Or. quarante fois deux cents livres font huit mille livres de recette pour toutes les pièces en cinq actes.

Puis l’autre tiers des cent vingt jours, ou quarante jours de pièces eu trois

la recette, vous produirait, aussi par an, cinq mille six cents livres de recette.

Puis quarante jours de pièces en un acte ou en recette, ne vous pro duiraient plus que quarante fois cent livres ou quatre mille livres par an : lesquelles trois sommes 1 8, 000 livres, j

de] 5, 600 | ensemble 17, 000 livres, ( 4, 000)

sont, dans l’année, tout ce que la littérature peut espérer tirer des comédiens français sur les sept cent trente-cinq mille livres, produit brut de trois cent cinquante recettes présumées à deux mille cent livres.

En prélevant sept cents livres de frais par jour, ou deux cent quarante-cinq mille livres, plus les dix-sept mille six cents livres touchées par les auteurs, il resterait aux comédiens français quatre cent soixante-douze mille quatre cents In i divisées en vingt-trois parts, donner, comme nous l’avons’lit. vingt nulle cinq cent trente-neuf livres, quand chaque auteur ne toucherait que sept cent soixante-cinq livres par an. Le sort des comédiens à celui des auteurs serait ingt-sept à un.

Je dois pourtant vous répéter, messieurs ne suis point votre avocat, mais le rapporteur de l’affaire.que cette différence, qui parait si énorme en comparant le sort de vingt-trois auteurs dramatiques à celui des vingt-trois comédiens, que cette différence s’abaisse quand on veut bien se souvenir que, les auteurs n’étant en société avec les comédiens que pendant un tiers de l’année, le produit des deux derniers tiers du trava Comédie leur est de tout point étranger. Ils n’ont donc tous à comparer leur sort qu’avec un tiers de celui des acteurs : or, sur une recette de quatre cent soixante-douze mille quatre cents livres palan, ce tiers n’est plus que cent cinquante-sept mille quatre cent soixante-six livres trei ; laquelle somme à son tour, comparée à mille six cents livres, est. à peu de chi a) —ont à un.

La différence du sort des comédiens français à celui des auteurs qui travaillent pour eux est donc toujours au moins comi un r un tiers de l’année, seul temps où le partage entre eux est établi.

Si l’on objectait à ceci qu’il n’esl pas bien certain que les deux autres tiers de l’année qui restent consacré— aux ouvrages anciens donnent, ainsi que le tiers consacré aux nouveaux, deux ni livres chaque jour, votre réponse est celle-ci, messieurs ; si elle est sévère, elle est juste :

Les ouvrages anciens ne peuvent-ils soutenir la prospérité du spectacle ? ne dispub prix des nouveautés, puisqu’elles seules vous font vivre ! Les trouvez-vous trop chères pour leur produit ? jouez-en beaucoup moins, elles vous coûteront peu d’argent ; et tâchez de filer l’année avec des ouvrages anciens, dans le produit desque vous n’entrera : et ce dilemme iplique doit finir toutes les disputes. nfin le quatorzième, h quels, tous réunis, ne font que le n i tiers de la am.

livres de frais préleva. son ! donc, messieurs, ce que vous demandez aux comédiens français pour leur donner tous vos ouvrages exclusivement pour un an ; et mes calculs vous ont prouvé que ce neuvième, dans le tiers d’une recette annuelle présumée de sept cent trente-cinq mille livres, ne leur coûtera jamais dix-huit mille francs par an, et que la.proportion des sorts entre les comédiens et vous sera toujours comme vingt-sept à un ; et c’est pour amoindrir ce misérable