Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/762

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tends : vous voulez un emploi d’argent qui puisse devenir l’aiguillon, l’encouragement d’un bien généralement adopté : cela n’est pas aisé, mais j’y réfléchirai.

Voici, messieurs, ce qui m’est venu dans l’esprit, et m’a déjà valu deux souscripteurs, car je l’ai dit à deux personnes.

On applique avec jugement un don de bienfai-

i arrache à la prison les malheureux

qu’où y retient, faute de payer les mois de leurs enfants. En épousant une fille capable de gagner vingt sous, l’ouvrier qui en gagne quarante a calculé qu’ils pourraient vivre ; mais au bout d’un an, ils sont trois ; un an après, les voilà quatre ; ici les moyens deviennent courts, en ce que la charge s’est accrue.

Quelqu’un dit bien sensément : La charité serait mieux faite, si l’on prévenait l’emprisonnement au faire cesser.

En comptant les jours qu’ils y perdent, les frais i t de sortie, et ceux d’huissier qui les précèdent, on ferait plus de bien, sous cette forme, santé francs, qu’un n’en obtient sous l’autii avec quarante écus. Et moi. je vais plus loin ; je dis :

l n des plus grands travaux du magistrat de la >l de faire venir de cinquante lii ■ femmes et des mères pauvres, pour enlever et nourrir des enfants d’autres pauvres. Et pourquoi cette subversion si fatale aux enfants qui naissent ? N’oublions jamais, s’il se peut, qu’il n’y a pas de sein tari sans qu’on trouve un enfant qui souffre : que le déplacement d’un nourrisson nécessite l’abandon d’un autre : et la chaîne fût-elle de vingt nouveau-nés déplacés, dès que le premier n’a plus de mère, il faut que le dernier périsse. On en raisonnerait cent ans, sans pouvoir se tirer de là.

- son cours à la nature : on a trop dit 

que le lait des pauvres femmes de Paris ne vaut rien : qu’elles ne sont pas logées pour nourrir ; que, forcées de gagner leur vie, leurs fruits périraient faute de soin. Quiconque a vu le quartier a Amsterdam sent la futilité de ces redite-. Les rues les plus étroites, les maisons les plus hautes pullulent d’enfants enta me-

travaillent comme ici :le laii q -I 

ut, ri n ne supj ,- ei voilà

veux venir.

po eun institut de bienfaisance vers lequel toute femme reconnue pauvre, inscrite à .-a paroisse, puisse venir, son infant au sein, avecl’atdu curé, nous dire : Je suis mère etnourlis vingt -eus par jour, mon enfant in i ii lait perdre douze.

i ar jour font trente livres par mois : offrons à cette n ice neuf francs de charité ; les neuf livres que son mari ne donne plus à l’étrangère, eu voilà dix-huit de rentrés. La mère aura bien peu de cour

sous par jour en allaitant : voilà les trente livres retrouvées.

Mai- eu est donc le bénéfice ? Sur cent pauvres entant- qui naissent, le nourrissage étranger en emporte soixante ; le maternel en co quatre-vingt-dix. Chaque mère aura nourri sou lil>: le père n’ira plus en prison, ses travaux ne cesseront plu-. Les femmes des pauvres seront moins libertines, plus attachées à leurs ménages ; peu à peu ou se fera une honte d’envoyer au loin ats ;la nature, les mœurs, la patrii j gagneront également : solilats. ouvriers et matelots en sortiront de toutes parts. On ne fera pas plus d’enfants ; il s’en élèvera davantage. Voilà le met. u important.

Si ce digne établissement a lieu, j’ai trente mille francs d’assuri . C’esl bien peu pour une aussi

! ose ; mai- que l’on dirige  ers nous des 

charités bien entendues, de ce faible ruisseau d’argent vont sortir des fleuves de lait, des foules de vigoureux nourri-sons.

Je plaide pour les mères-nourrices : que d’enfants, que d’hommes perdus, peur avoir séparé ces deux noms ! Les réunir est mon objet ; c’est celui de mon noble ami, de quelques autres généreux commettants.

El moi donc, n’y mettrai-je rien ? Quand je devrais êtrei té d’homme vain, d’ignorant, de méchant et de sot auteur, j’y mettrai tout mou Figaro ; c’est de l’argent qui m’appartient, que j’ai gagné par mon labeur à traversdes torrents d’injures imprimées ou épistolaires. Or, quand les comédien- auront deux cent mil ! nourrices en auront vingt-huit ; avec le- trente amis, voilà un régiment de marmots empâtés du lait maternel. Tout cela paye bien des outrages ; niais n’oublions pas que ces premiers secours ne sont rien, si un peu de chaleur française ne vient soutenir notre essai. Que ma douce et libre convention s’établisse entre le- deux l’hommes qui embrassent la masse des richesses, ceux qui donnent les places et ceux qui les postulent.

En effet, quel homme en crédit, ou quel ministre bienfaisant (et la vraie grandeur l’est toujours), a’accueillcra pas une demande équitable avec plus de faveur qu’une autre. ,-’il voit à la fiu du placet : « En cas de -mie-, monseigneur, cinq cents loui» pour le- m, , i s-nourrict s ? ■ Pourquoi la charité est-elle souvent sèche, triste et parcimonieuse ? C’est qu’on en a lait un devoir. Donnons gaiement pour h bon lait, el nommons .

El même, pour que plusieurs sortes île, malheureux trouvent leur bien dans notre affaire, mes ancis et iimi promettons dix éCUS au pain. malade Ie--eehe i|ili prOUVCTa le Illleuv. ilall> un bon libelle anonyme, qu’il y a daus notre pro-