Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/773

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Que le progrès des abonnements a un accroisseùent sensible que rien ne peut plus arrêter ;

Que notre seul charlatanisme est l’abondance et le bas prix de l’eau ;

Que la comparaison des établissements anglais est tout entière en notre faveur ;

Que celle du canal de l'Yvette avec nos machines à feu nous laisse un avantage de quatre cinquièmes en profit, sans la supériorité de notre eau et son abondance intarissable ;

Qu’il n’est pas vrai que nous fassions un monopole exclusif de la vente de l’eau dans Paris ;

Enfin, que l’auteur, mal instruit, n’a été exact ni vrai dans aucun point qu’il ait traité.

D’après cette réponse, on espère que si quelqu’un doit aller aux écoles d’arithmétique, indiquées par l’auteur (page 40), étudier les leçons qu’il veut donner aux autres, et même au gouvernement, ce ne sera pas la compagnie que le public y renverra, mais bien les joueurs à la baisse sur les actions des eaux, qui, s’étant abusés dans leurs spéculations, ont ensuite abusé l’auteur de la brochure, et finiraient par abuser les pères de famille qu’ils chérissent, le public auquel ils s’adressent, et les possesseurs des actions, qu’ils dépouilleraient à vil prix, si on ne les arrêtait pas. Nous n’ajouterons qu’un seul mot.

Plus on recherche le but de cet étrange ouvrage, et moins on peut le concevoir. L’auteur sait que depuis sept ans des citoyens bien courageux, jaloux de voir la ville de Londres jouir d’un avantage qui manquait à la capitale de la France, ont consacré des fonds immenses à le lui procurer, et ne sont parvenus à leurs premiers succès qu’avec des travaux inouïs, à travers des obstacles de tout genre, accablants, presque insurmontables.

A-t-il voulu flétrir leur cœur, les détourner de porter à sa fin le seul établissement national qu’on connaisse dans cette ville ; leur enlever l’auguste protection dont Sa Majesté daigne honorer leur entreprise, en la discréditant aux yeux des actionnaires et des consommateurs ; en inquiétant le public sur la qualité de l’eau qu’il doit boire ; en armant tout le monde contre eux ?

Quand il pose partout des bases aussi fausses que ses résultats sont vicieux, est-il entraîné réellement par le désir de procurer à ses amis des actions que ceux-ci sont forcés de livrer sous un terme, à bas prix ? ou bien s’est-il flatté de porter un coup mortel à l’entreprise des machines à feu, pour en favoriser quelque autre ? A-t-il trompé, s’est-il trompé, l’a-t-on trompé ? Est-ce projet, erreur ou suggestion ? Nous croyons lui rendre justice en adoptant le dernier soupçon.

Mais, quel qu’ait été son motif, on doit profondément gémir de voir un homme d’un aussi grand talent soumettre sa plume énergique à des intérêts de parti qui ne sont pas même les siens. Indifférents au choix de leurs sujets, c’est aux avocats décriés à tout plaider, en désespoir de cause : l’homme éloquent a trop à perdre en cessant de se respecter ; et cet écrivain l’est beaucoup.

Notre estime pour sa personne a souvent retenu l’indignation qui nous gagnait en écrivant. Mais si, malgré la modération que nous nous étions imposée, il nous est échappé quelque expression qu’il désapprouve, nous le prions de nous la pardonner. La célérité d’une réponse qu’exigeait son mordant écrit ne nous a pas permis d’être moins long, ni plus châtié. Aussi, de noter part, n'est-ce pas assaut d’éloquence, mais discussion profonde et nécessaire de la bonté d’un établissement qu’il a voulu rendre douteuse. Nous avons combattu ses idées, sans cesser d’admirer son style. Heureux si la langueur du nôtre ne prive pas la vérité de l’attrait que la beauté du sien avait su prêter à l’erreur !

RAPPORT DES COMMISSAIRES

DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE


OUALIT

LLF.VLt ; ET )

MM. Perrier ayant prié la Société de constater la nature de l’eau qu’ils font distribuer à Paris, et qui est fournie par leur pompe à feu, les commissaires que cette compagnie a chargés de cet objet se sont transportés à Chaillot pour examiner avec soin toutes les circonstances qui peuvent influer sur la salubrité des eaux. Après avoir vu avec le plus grand intérêt la belle construction de la machine à l’aide de laquelle l’eau est élevée, ils ont porté toute leur attention sur le bassin où l’eau est puisée par la pompe, sur le mécanisme qui l’élève, sur les canaux qu’elle parcourt, sur les réservoirs où elle est versée, et d’où elle s’écoule pour se répandre dans Paris. Outre les procédés ingénieux qui ont été employés pour ces différents objets, et sur le mérite desquels il n’est pas du ressort de la Société d’insister, les commissaires ont reconnu que dans ces diverses circonstances l’eau de la Seine ne pouvait contracter aucune qualité nuisible, ni même désagréable ; que les tuyaux de fonte, ni les pierres employées pour toutes ces manœuvres, ne pouvaient rien lui commuiiiqu, r ; et que le mouvement et l’agitation dont elle jouit depuis son élévation dans la pompe jusqu’au lieu d’où elle se répand dans Paris, sont plus capables d’en améliorer la qualité que de l’altérer en aucune manière. Ils ont surtout été frappés de la position respective des quatre réservoirs, à l’aide de laquelle on peut les vider les uns dans les autres, les nettoyer aussi fréquemment qu’on le désire, el contribuer ainsi à la pureté de l’eau. Apre- ce premier examen, ils ont fait puiser de l’eau dans la Seine, dans le premier bassin où l’eau est prise, et dans les réservoirs d’où elle coule

i Paris : on a < xaminé comparativement ces trois