Dieu des métiers plus honnêtes que celui de mes ouvriers, qui s’abstiennent de l’exercer pour aller perdre la raison et le pécule de leur semaine dans ces lieux de prostitution ?
Tous les métiers qui servent au plaisir ouvrent boutique le dimanche, et le père de douze enfants, si par malheur il n’est que cordonnier, tailleur de pierre ou jardinier, est puni d’un travail utile qui nourrit lui et sa famille !
J’ai vu, le jour de Pâques, les valets de nos saints frotter leur chambre, les servir, un cocher mener leur voiture, et tous leurs gens faire autour d’eux l’œuvre servile par laquelle ces malheureux gagnent leur vie, sans qu’aucun de nos saints en fût scandalisé. Ne nous apprendra-t-on jamais où commence et finit le péché ; comment un commerce inutile, un métier souvent scandaleux, peuvent s’exercer le dimanche, pendant que d’honnêtes labeurs qui sustenteraient mille pauvres deviennent l’objet du scandale de nosseigneurs les gens de bien ?
Pardon, mon digne et bon Pasteur, si j’insiste sur cet objet ; votre lettre m’y autorise : nul ne raisonne avec moi sans que je raisonne avec lui. Tel est mon principe moral : l’œuvre de Dieu n’a point de fantaisie ; et si l’utilité dont est le cabaret au perfidus caupo d’Horace le fait tolérer le dimanche, je demande comment la nécessité des travaux ne plaide pas plus follement pour un pauvre tailleur de pierre ou de malheureux jardiniers.
Au lieu de ces vaines recherches qui nous troublent dans nos demeures, de ces inquisitions de huitième ou neuvième siècle, de ces saintes émotions (pour employer vos propres termes -m- des travaux d’une utilité reconnue, ne ferait-on pas mieux d’être plus conséquent lorsqu’on établit des principes ? Qu’est-ce que proscrire, le dimanche, des ouvrages indispensables, quand "il excepte il’ 1 la règle les travaux de pur agrément, et jusqu’aux métiers de désordres ?
Je m’en rapporte à vous, monsieur, qui êtes plus éclairé que moi, et vous supplie de ramener, si vous le trouvez dans l’erreur, celui qui est avec une confiance sans borne.
Mon respectable et bon Pasteur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur et paroissien, etc.
LETTRE XL.
À CHACUN DE MES JUGES,
En lui présentant mon troisième mémoire ou dernier exposé des faits relatifs au procès du sieur Kornman contre sa femme.
30 mars 1789.
Monsieur,
Je croirais vous manquer de respect en sollicitant votre justice ; j’invoque seulement une heure de votre sévère attention. Mes adversaires ont lani obscurci cette affaire en la couvrant à chaque instant d’incidents étrangers, qu’il est presque impossible, monsieur, malgré votre sagacité, que vous en ayez pu suivre le fil embarrassé, dans les plaidoyer turbulents dont ils vous ont scandalisé. J’ai rassemblé dans ce mémoire les faits qui se rapportent à moi. Sa lecture est la seule audience que je vous prie de m’accorder. Et quand vous l’aurez lu, monsieur, je ne vous demande qu’une grâce, c’est de punir sévèrement ceux que vous trouverez coupables.
Je suis, avec un très-profond respect, Monsieur.
Votre très-humble et très-obéissant serviteur, ect.
LETTRE XLI.
À M. SALIERI.
Paris, le 15 août 1790.
C’est maintenant, mon cher Salieri. que je vi dois le compte de votre grand succès : Taran n’a ■ [’■ j ■ que le : : de ee mois ; l’Opéra l’a remis avec un soin prodigieux : le public l’a goûté comme une œuvre sublime de la part du musicien. Vous voilà dune ehe/, nous à la tête de votre état ! L’Opéra, qui, depuis un an, faisait cinq cents à six cents livres, a fait six mille cinq cent quarante livres le premier jour de Tarare, cinq mille quatre cents le sec I. etc. Lésai leur-, revenus sévèrement à mon principe, de regarder le chant comme accessoire du jeu, ont été, pour la première fois, rangés parmi les plus grands talents du théâtre ; et le public criait : Voilà de la musique .’ pas une note radotée ; tout marclu aux grands i //- (s à J’ai tion dramatique ! Quel plaisir pour moi, mon ami, de voir que l’on vous rende enfin cette grande justice, et que l’on vous nomme en chorus le digne successeur de Gluck !
J’ai fait remarquer au comité que le travail du couronnement exigeait qu’on ne regardât pas cette reprise de Tarare comme une seconde mise, mais comme la première continuée, et que vos deux cents livres par représentation vous fussent allouées ; et non pas cent vingt livres, comme ils disent que c’est l’usage : je n’ai pas encore leur réponse, Mon ami, est-ce que vous desespérez de revenir ici travailler pour notre théâtre ? Parlez-moi net sur ci I objet, car bien des gens m’interrogent là-dessus : chacun veut vous donner son poème. Si vous devez finir Castor, c’est chez moi qu’il faut le finir ; et Mitre appartement vous attendra toujours. Bonjour, mon bon ami ; aimez toujours votre dévoué, etc.
Ma femme se recommande à votre bonne amitié, et ma fille à vos grandes leçons.
LETTRE M. II.
À M. MANUEL.
C avril 1792
bon mon sieur Manuel ! pourquoi vous fâchez-