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le château vert

daurades et sardines, Thérèse eut tôt fait de remarquer une de ses amies de pension. Celle-ci, plus âgée, et que sa bonne accompagnait, était mariée depuis peu.

— Et comment vas-tu, Thérèse ?

— Bien. Et toi ?

— Parfait… À présent, c’est toi qui fais le marché ?

— Non. Je suis attendue chez ma couturière. J’ai voulu, en passant, me rendre compte des prix.

Thérèse ne savait comment aborder l’histoire de Barrière, lorsque son amie, non sans quelque malignité, la provoqua aux confidences :

— Dis-moi, Thérèse, c’est donc avec Mlle Barrière que Philippe se marie ?

— Il paraît.

— Si quelque chose étonne, c’est bien ça. Vous étiez, les Jalade, tellement liés avec les Ravin que tout le monde aurait juré que ton mariage avec Philippe était décidé depuis toujours.

— Évidemment, mais son mariage avec Mlle Barrière n’est pas encore fait.

— Ah ! Pourquoi ?

— Parce que… Heu !… Chut !… On pourrait nous entendre.

Et doucement, avec des airs de mystère, Thérèse distilla son poison :

— Quand on saura chez les Ravin de quelle tache est souillée la fortune de Barrière, ils renonceront à lui donner Philippe.

— Oh ! qu’est-ce qu’il y a donc ?

— Chut ! Ne parle pas si fort. Je ne veux pas qu’on m’accuse d’une vilenie.

— À moi, tu peux me dire la chose. D’ailleurs, on l’apprendra bien toujours, d’une façon ou d’une autre.

— Ça, c’est vrai. Eh bien ! je te le dis, à toi : Barrière, quand il était jeune, et qu’il faisait le métier de maçon, a volé dans un vieux château une cassette remplie de pièces d’or.

— Oh ! ce n’est pas possible ! Comment serait-on resté si longtemps sans le savoir !

— Ce serait trop long de t’expliquer pourquoi on n’a jamais soupçonné Barrière d’une pareille action. Et puis, dans une ville comme la nôtre, on oublie si vite !

— Enfin qui t’a appris ça, à toi ?