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il lui demanda le sujet de son chagrin : le prince lui ayant répondu qu’il ne pouvait souffrir le mépris de Zélie, et qu’il était résolu de se corriger de ses défauts, puisqu’il fallait être vertueux pour lui plaire, ce méchant homme lui dit : Vous êtes bien bon, de vouloir vous gêner pour une petite fille, si j’étais à votre place, ajouta-t-il, je la forcerais bien à m’obéir. Souvenez-vous que vous êtes roi, et qu’il serait honteux de vous soumettre aux volontés d’une bergère, qui serait trop heureuse d’être reçue parmi vos esclaves. Faites-la jeûner au pain et à l’eau ; mettez-la dans une prison, et si elle continue à ne vouloir pas vous épouser, faites-la mourir dans les tourmens, pour apprendre aux autres à céder à vos volontés. Vous serez déshonoré si l’on sait qu’une simple fille vous résiste ; et tous vos sujets oublieront qu’ils ne sont au monde que pour vous servir. Mais, dit Chéri, ne serai-je pas déshonoré, si je fais mourir une innocente ? Car, enfin, Zélie n’est