Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/119

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dit la bonne femme, à la seconde de ses filles, vous n’avez pas de fruit à donner à cette bonne dame, car vos raisins ne sont pas mûrs. Il est vrai, dit Vermeille, mais j’entends ma poule qui chante ; elle vient de pondre un œuf ; et si madame veut l’avaler tout chaud, je le lui offre de tout mon cœur. En même tems, sans attendre la réponse de la vieille, elle courut chercher son œuf ; mais dans le moment qu’elle le présentait à cette femme, elle disparut ; et l’on vit à sa place une belle dame, qui dit à la mère : Je vais récompenser vos deux filles selon leur mérite. L’aînée deviendra une grande reine, et la seconde une fermière ; et en même tems, ayant frappé la maison de son bâton, elle disparut, et l’on vit à la place une jolie ferme. Voilà votre partage, dit-elle à Vermeille. Je sais que je vous donne à chacune ce que vous aimez le mieux. La fée s’éloigna, en disant ces paroles ; et la mère, aussi bien que les deux filles, restèrent fort étonnées. Elles entrèrent dans la ferme,