Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/144

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pu leur apprendre à lire. Furie fit peindre la princesse, et porta elle-même son portrait dans une petite maison, où Spirituel vivait avec un domestique. La malice de Furie lui réussit, et, quoique Spirituel sût que la princesse Astre était dans le palais de son ennemie, il en devint si amoureux qu’il résolut d’y aller ; mais en même tems se souvenant de sa laideur, il vit bien qu’il était le plus malheureux de tous les hommes, puisqu’il était sûr de paraître horrible aux yeux de cette belle fille. Il résista long-tems au désir qu’il avait de la voir ; mais enfin, sa passion l’emporta sur sa raison. Il partit avec son valet, et Furie fut enchantée de lui voir prendre cette résolution, pour avoir le plaisir de le tourmenter tout à son aise. Astre se promenait dans le jardin avec Diamantine, sa gouvernante, lorsqu’elle vit approcher le prince, elle fit un grand cri, et voulait s’enfuir ; mais Diamantine l’en ayant empêchée, elle cacha sa tête dans ses deux mains, et