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pays-là, on pensait qu’un officier qui ne lisait pas l’histoire, ne serait jamais qu’un sot et qu’un ignorant. Quand Fatal avait fait son devoir de soldat, au lieu d’aller boire et jouer avec ses camarades, il s’enfermait dans la chambre du capitaine, et tâchait d’apprendre son métier, en lisant la vie des grands hommes, et il devint capable de commander une armée.

Il y avait déjà sept ans qu’il était soldat, lorsqu’il fut à la guerre. Son capitaine prit six soldats avec lui, pour aller visiter un petit bois ; et, quand il fut dans ce petit bois, les soldats disaient tout bas : il faut tuer ce méchant homme qui nous donne des coups de canne, et qui nous vole notre pain. Fatal leur dit qu’il ne fallait pas faire une si mauvaise action ; mais, au lieu de l’écouter, ils lui dirent qu’ils le tueraient avec le capitaine, et mirent tous les cinq l’épée à la main. Fatal se mit à côté de son capitaine, et se battit avec tant de valeur qu’il tua lui seul quatre de ces soldats. Son capitaine,