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amener compagnie. En même temps, le portier siffla, et plusieurs domestiques parurent avec des flambeaux, et conduisirent le prince dans un appartement bien éclairé. Les meubles de cet appartement n’étaient point magnifiques ; mais tout était propre et si bien arrangé que cela faisait plaisir à voir. Aussitôt, il vit paraître la maîtresse de la maison. Charmant fut ébloui de sa beauté, et s’étant jeté à ses pieds, il ne pouvait parler, tant il était occupé à la regarder. Levez-vous, mon prince, lui dit-elle, en lui donnant la main. Je suis charmée de l’admiration que je vous cause ; vous paraissez si aimable, que je souhaite de tout mon cœur, que vous soyez celui qui doit me tirer de ma solitude. Je m’appelle Vraie gloire, et je suis immortelle. Je vis dans ce château, depuis le commencement du monde, en attendant un mari. Un grand nombre de rois sont venus me voir ; mais, quoiqu’ils m’eussent juré une fidélité éternelle, ils ont manqué à leur parole, et