Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/39

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loups.

— De tout mon cœur, ma belle fille, lui répondit la bergère, mais dites-moi, pourquoi êtes-vous dans ce bois si tard ? »

Aurore lui raconta son histoire, et lui dit :

« Ne suis-je pas bien malheureuse d’avoir une mère si cruelle ! et ne vaudrait-il pas mieux que je fusse morte en venant au monde, que de vivre pour être ainsi maltraitée ! Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour être si misérable ?

— Ma chère enfant, répliqua la bergère ; il ne faut jamais murmurer contre Dieu ; il est tout puissant, il est sage, il vous aime et vous devez croire qu’il n’a permis votre malheur que pour votre bien. Confiez-vous en lui, et mettez-vous bien dans la tête que Dieu protège les bons, et que les choses fâcheuses qui leur arrivent, ne sont pas malheurs : demeurez avec moi, je vous servirai de mère, et je vous aimerai comme ma fille. »

Aurore consentit à cette proposition, et le lendemain, la bergère lui dit :

« Je vais vous donner un petit troupeau à conduire, mais j’ai peur que vous