Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/49

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et si vous n’aviez pas voulu l’épouser, il eût fait mourir Ingénu.

— Vous avez raison, ma mère, reprit Aurore mais pourtant je suis devenue laide à faire peur, et je crains que le prince n’ait du regret de m’avoir épousée.

— Non, je vous assure, reprit Ingénu : on s’accoutume au visage d’une laide, mais on ne peut s’accoutumer à un mauvais caractère.

— Je suis charmée de vos sentiments, dit la bergère ; mais Aurore sera encore belle, j’ai une eau qui guérira son visage. »

Effectivement, au bout de trois jours, le visage d’Aurore devint comme auparavant ; mais le prince la pria de porter toujours son voile ; car il avait peur que son méchant frère ne l’enlevât, s’il la voyait. Cependant Fourbin, qui voulait se marier, fit partir plusieurs peintres pour lui apporter les portraits des plus belles filles. Il fut enchanté de celui d’Aimée, sœur d’Aurore, et l’ayant fait venir à la cour, il l’épousa. Aurore eut beaucoup d’inquiétude, quand elle sut que sa sœur était