Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/51

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Pour cette fois, Aurore crut qu’elle devait se croire fort malheureuse ; mais la bergère lui répétait toujours, que Dieu faisait tout pour le mieux. Comme il faisait un très beau temps, la barque vogua tranquillement pendant trois jours, et aborda à une ville qui était sur le bord de la mer.

Le roi de cette ville avait une grande guerre, et les ennemis l’assiégèrent le lendemain. Ingénu, qui avait du courage, demanda quelques troupes au roi ; il fit plusieurs sorties, et il eut le bonheur de tuer l’ennemi qui assiégeait la ville. Les soldats, ayant perdu leur commandant, s’enfuirent, et le roi, qui était assiégé, n’ayant point d’enfants, adopta Ingénu pour son fils, afin de lui marquer sa reconnaissance. Quatre ans après, on apprit que Fourbin était mort de chagrin, d’avoir épousé une méchante femme, et le peuple qui la haïssait la chassa honteusement, et envoya des ambassadeurs à Ingénu, pour lui offrir la couronne.