Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(55)

épouvantables : pour moi, si vous ne vous corrigez pas, je souhaiterais de tout mon cœur que vous fussiez aussi aveugle et sourde. »

Joliette n’était pas méchante ; c’était par étourderie, qu’elle découvrait ce qu’elle avait vu ; ainsi, elle lui promit par signes qu’elle se corrigerait. Elle en avait intention, mais deux ou trois jours après, elle entendit une dame qui se moquait d’une de ses amies : elle savait écrire alors, et elle mit sur un papier ce qu’elle avait entendu. Elle avait écrit cette conversation avec tant d’esprit, que sa mère ne pût s’empêcher de rire de ce qu’il y avait de plaisant, et d’admirer le style de sa fille. Joliette avait de la vanité : elle fut si contente des louanges que sa mère lui donna, qu’elle écrivait tout ce qui se passait devant elle. Ce que son père lui avait prédit arriva ; elle se fit haïr de tout le monde. On se cachait d’elle, on parlait bas quand elle entrait, et on craignait de se trouver dans les