Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/63

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possible que je fusse la cause de l’affreuse situation de cette dame ? Oui, Joliette, reprit la fée ; mais ce qu’il y a de plus terrible, c’est que vous êtes encore la cause de la mort d’un homme que le mari de cette dame a tué. Vous souvenez-vous qu’un soir, étant dans un jardin, sur un banc, vous fîtes semblant de dormir, pour entendre ce que disaient ces deux personnes ; vous comprîtes par leurs discours qu’ils s’aimaient, et vous le fîtes savoir à toute la ville. Ce bruit vint jusqu’aux oreilles du mari de cette dame, qui est un homme fort jaloux ; il tua ce cavalier, et a mené cette dame en France ; il l’a fait passer pour morte, afin de pouvoir la tourmenter plus long-tems ; cependant cette pauvre dame était innocente. Le gentilhomme lui parlait de l’amour qu’il avait pour une de ses cousines qu’il voulait épouser ; mais comme ils parlaient bas, vous n’avez entendu que la moitié de leur conversation, que vous avez écrite, et cela a causé ces horribles mal-