Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(63)

nément. Elle vécut un an fort heureuse avec lui. Comme la ville dans laquelle elle demeurait était bien grande, on ne connut pas sitôt qu’elle était une rapporteuse, parce qu’elle voyait beaucoup de gens, qui ne se connaissaient pas les uns et les autres. Un jour, après souper, son mari parlait de plusieurs personnes, et il vint à dire qu’un tel seigneur n’était pas un fort honnête homme, parce qu’il lui avait vu faire plusieurs mauvaises actions. Deux jours après, Joliette étant dans une grande mascarade, un homme couvert d’un domino la pria de danser, et vint ensuite s’asseoir auprès d’elle. Comme elle parlait bien, il s’amusa beaucoup de la conversation, d’autant plus qu’elle savait toutes les histoires scandaleuses de la ville, et qu’elle les racontait avec beaucoup d’esprit. La femme du seigneur, dont son mari lui avait parlé, vint à danser, et Joliette dit à ce masque, qui avait un domino : cette femme est fort aimable ; c’est bien dommage qu’elle