Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/80

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votre esprit. Vous n’en manquez pas, ma chère sœur ; mais il faut l’orner par la lecture, et les réflexions. Belote trouva d’abord beaucoup de difficulté à suivre les conseils de sa sœur, par l’habitude qu’elle avait contractée de perdre son temps en niaiseries ; mais à force de se gêner, elle y réussit, et fit des progrès surprenans dans toutes les sciences, à mesure qu’elle devenait aussi raisonnable ; et comme la philosophie la consolait de ses malheurs, elle reprit son embonpoint, et devint plus belle qu’elle n’avait jamais été ; mais elle ne s’en souciait pas du tout, et ne daignait pas même se regarder dans le miroir. Cependant, son mari avait pris un si grand dégoût pour elle, qu’il fit casser son mariage. Ce dernier malheur pensa l’accabler ; car elle aimait tendrement son mari ; mais sa sœur Laidronette vint à bout de la consoler. Ne vous affligez pas, lui disait-elle, je sais le moyen de vous rendre votre mari ; suivez seulement mes conseils, et ne vous embarrassez