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de celle-ci, des diamans de celle-là. S’il se trouvait à ma table une personne d’esprit, et que l’on voulût parler de quelque chose de raisonnable, Belote commençait par bâiller, et finissait par s’endormir. Je voulus essayer de l’engager à s’instruire ; cela l’impatienta ; elle était si ignorante, qu’elle me faisait trembler et rougir toutes les fois qu’elle ouvrait la bouche. D’ailleurs, elle avait tous les défauts des sottes ; quand elle s’était fourré une chose dans la tête, il n’était pas possible de l’en faire revenir, en lui donnant de bonnes raisons car elle ne pouvait les comprendre. Encore, s’il m’avait été permis de me désennuyer d’un autre côté, j’aurais eu patience, mais ce n’était pas là son compte : elle eût voulu que le sot amour, qu’elle m’avait inspiré, eût duré toute ma vie, et m’eût rendu son esclave. Vous voyez bien qu’elle m’a mise dans la nécessité de faire casser mon mariage. J’avoue que vous étiez à plaindre, lui répon-