Aller au contenu

Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(154)

soutenir jusqu’à cet âge, avec honneur dans un pays étranger. J’emploierais ce tems à faire revenir ses parens de leur ridicule entêtement : je peindrais les vertus, la beauté, les grands biens d’Henriette ; peut-être triompherais-je d’un vain fantôme ; je ferais valoir sur-tout l’indissolubilité du mariage de mon ami, lorsqu’il l’aurait réhabilité dans un âge convenable ; que, s’il ne m’était pas possible de le réconcilier avec ses parens, je pourrais me flatter d’appaiser ceux d’Henriette qui voyant ce qu’ils appelleraient un mal sans remède, seraient forcés de s’y prêter. Mais encore une fois, tous ces projets tombent et s’évanouissent, faute de pouvoir donner au baron le moyen de subsister honnêtement en Angleterre, où il aurait dessein de conduire Henriette, si la fortune ennemie n’y mettait un obstacle qu’il n’est pas en notre pouvoir de détruire.

Pendant ce long discours, la Benoît s’extasiait sur la probité d’un amant si honnête homme : à la vérité, elle avait