regarder dans le miroir. Tout d’un coup elle y découvrit un monstre, dont la vue faillit à la faire mourir de frayeur.
Voilà votre image, lui dit une voix qu’elle reconnut pour celle de la Raison. Vous croyez peut-être qu’elle la remercia de l’avertissement, point du tout ; au contraire, elle fut si piquée de la comparaison qu’on faisait d’elle à ce monstre, que, transportée de colère, elle se leva pour casser la glace maudite qui lui offrait un si vilain tableau. La même voix lui dit en criant bien fort : pourquoi vous en prendre à cette glace ? Ce n’est pas elle qui donne à votre ame la figure que vous y voyez ; c’est votre ame qui se peint dans ce miroir. Quand vous le casserez, il n’en sera ni plus ni moins. Si vous avez du bon sens, vous ne travaillerez qu’à effacer ce portrait qui vous choque, vous n’avez qu’à vous corriger.
Effectivement, dit Émilie, je n’ai d’autre parti à prendre qu’à suivre le conseil de la Raison. Voilà qui est fait, je veux