Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/7

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lui fit quelques questions ; et, trouvant qu’elle avait de l’esprit, il en devint éperduement amoureux. Betsi fut charmée de cette rencontre, parce qu’en épousant ce gentilhomme, elle pensait qu’elle viendrait demeurer à la ville où elle se divertirait beaucoup. Le gentilhomme lui demanda quelle était cette fille si laide qui s’était retirée aussitôt qu’elle avait paru (car Laure pensait qu’il n’était pas honnête à une fille de s’amuser avec ces beaux messieurs de la ville, qui ne cherchent qu’à tromper les villageoises) ? c’est ma sœur, lui répondit Betsi. C’est une pauvre imbécille qui n’est propre qu’au tracas de la campagne ; pour moi, je m’y ennuie à mourir ; on n’y trouve que des gens grossiers, et je pleure de regret tous les jours de n’être pas née à la cour. Vous êtes trop belle pour rester ici, lui dit le gentilhomme ; je vais mettre ordre à quelques affaires ; et, si vous m’aimez, je viendrai vous demander en mariage à votre père. Betsi pensa mourir