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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/119

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La marquise ne rapportait point de ses exercices pieux, un air gênant et sévère : on la voyait gaie, libre sans indécence, vive sans étourderie ; en un mot, sa dévotion était propre à en inspirer le goût. Laure passa trois années avec elle, et fit, sous ses yeux, des progrès dans la piété, qui la rendirent chère à cette dame. Elle n’avait point hésité à lui ouvrir son cœur, et ne lui avait rien appris. Armire, en lui confiant cette charmante fille, avait cru devoir l’instruire des motifs qui l’avaient intéressée en sa faveur. Cette connaissance ne diminua point le prix de sa confiance aux yeux de la marquise, qui eut la satisfaction de la voir triompher des mouvemens qui l’avaient subjuguée à son insu. L’amitié la plus tendre avait rempli le vide que la destruction de son amour avait laissé dans son cœur : cette amitié lui causait les seules peines qu’elle éprouvât ; elle ne pouvait voir sans indignation les mauvais procédés du marquis, pour lequel elle avait la haine la plus com-