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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/198

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temens, les plus durs, le manque des choses les plus nécessaires à la vie, un travail au-dessus de mes forces, ont été pendant ce tems une épreuve journalière, par laquelle on prétendait sans doute lasser ma constance. On me rappelait de tems en tems l’état brillant qui m’était destiné, si j’eusse voulu sacrifier ce qu’on appelait une chimère. On mettait tout en usage pour amollir mon cœur. Les livres les plus dissolus traînaient par toute la maison, et on m’excitait à les lire ; mes oreilles étaient à tout moment blessées par les paroles les plus grossières, et ma mère, qui ne vivait que du produit de son libertinage, ne m’épargnait pas les mauvais exemples. Combien de fois me serais-je perdue, si Dieu, que j’invoquais continuellement, ne m’eût soutenue par une grâce particulière. Enfin, il y a environ un mois qu’elle fut rencontrée par un homme qu’elle avait aimé passionnément : leur amour se réveilla, et elle le conduisit chez elle. Cet homme, qui se nommait