Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/49

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reusement tirée. Ainsi parla la fée.

Juste ciel ! s’écria la fée, après avoir quitté Laidronnette, je n’ai fait jusqu’à ce jour que des présens funestes ; ô sagesse des mortels ! vous n’êtes que folie, qu’aveuglement ; et les hommes, en suivant vos lumières, font autant de chutes que de pas. Après cette exclamation, Bienfaisante s’achemina vers la ferme où elle avait rendu la vie à un arbre prêt à mourir. On était alors dans la saison des fruits, et elle ne put s’empêcher d’admirer les belle poires dont il était couvert. Pour le coup, dit-elle, je n’ai rien à me reprocher dans ce lieu-ci ; et le bon fermier, s’il vit encore, a eu tout le tems de jouir des fruits de ce bel arbre, dont il déplorait la mort prochaine. Comme elle achevait ces paroles, elle entendit le vieillard qui jetait de grands cris mêlés de plaintes. Maudit soit la vieille sorcière ! disait-il ; qui la priait de se mêler de mes affaires ? Dieu savait bien ce qu’il faisait, lorsqu’il fit sécher ce malencontreux