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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/98

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aussi courageuse qu’Alindor le supposait ; elle voulut s’en instruire par ses yeux, ainsi elle se cacha dans un lieu d’où elle pouvait la voir sans être vue, et elle n’y attendit pas long-tems sans voir paraître Laure. Elle marchait avec la légèreté que donne à une amante l’espoir de voir ce qu’elle aime ; sa respiration était oppressée, et il était aisé à voir que ce n’était pas l’effet de sa course. Elle s’assit à côté de la table, et rêva tristement quelques instans : ayant entendu du bruit, elle se leva avec vivacité, et courut à la porte. Là, ses regards avides parcouraient les allées qui conduisaient au salon, et semblaient y chercher quelle chose qui lui manquait.

Après avoir resté à cette porte environ un quart-d’heure, elle revint à sa place beaucoup plus lentement qu’elle n’en était sortie, et, ce fut alors qu’elle aperçut la lettre d’Alindor, dont elle reconnut l’écriture. Un rayon de joie parut dans ses yeux, elle se, hâta de l’ouvrir ; mais,