Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/101

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pour les aventuriers qui cachent leur nom et leurs antécédents, recherche impitoyablement les preuves de la descendance africaine.

Le banqueroutier du Massachusetts trouve honneur et fortune dans la Louisiane, où nul ne s’enquiert des ruines qu’il a faites ailleurs.

L’habitant de New-York, que gênent les liens d’un premier mariage, délaisse sa femme sur la rive gauche de l’Hudson, et va, sur la rive droite, en prendre une autre dans le Nouveau-Jersey, où il vit tranquille et bigame.

Le voleur et le faussaire qu’ont flétris les lois sévères du Rhode-Island, trouvent sans peine, dans le Connectitut, du travail et de la considération.

Il n’est qu’un seul crime dont le coupable porte en tous lieux la peine et l’infamie, c’est celui d’appartenir à une famille réputée de couleur. La couleur effacée, la tache reste ; il semble qu’on la devine quand elle ne se voit plus ; il n’est point d’asile si secret, ni de retraite si obscure, où elle parvienne à se cacher.

Tel était le pays où m’avait jeté ma destinée ! c’était le monde où je devais passer mes jours avec la fille de Nelson ! Au milieu de tant de haines, toute espérance de bonheur n’était-elle pas une chimère ? Oh ! combien mon cœur souffrait de ces iniquités, dont tout le poids retombait sur Marie ! de quelle puissante indignation mon âme était saisie ! et que d’amertume je sentais s’amasser au fond de mon cœur !