Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/15

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religieuses, les Indiens, etc. ; ces notes remplissent la moitié de l’ouvrage.

Je ne terminerai pas cet avant-propos sans prier les lecteurs, et notamment les lecteurs américains (si toutefois ce livre parvient jusqu’en Amérique), de bien prendre garde que les opinions qui sont exprimées par les personnages mis en scène ne sont pas toujours celles de l’auteur. Quelquefois j’ai pris soin de les modifier, et même de les combattre dans les notes auxquelles je renvoie par un astérisque. Du reste, à part un très-petit nombre d’exceptions qui sont ordinairement indiquées, les faits énoncés dans le récit sont vrais, et les impressions rendues sont celles que j’ai éprouvées moi-même. On ne doit pas oublier qu’en peignant la société américaine, l’auteur ne présente que des traits généraux, et que l’exception, quoique non exprimée, se trouve souvent à côté du principe. Ainsi, dans une partie de ce livre, je dis qu’il n’existe aux États-Unis ni littérature, ni beaux-arts ; cependant j’ai rencontre en Amérique des hommes de lettres distingués, des artistes habiles, des orateurs brillants. J’ai vu dans le même pays des salons élégants, des cercles polis, des sociétés tout intellectuelles ; je dis pourtant ailleurs qu’il n’y a en Amérique ni sociétés intellectuelles, ni salons élégants, ni cercles polis. Dans ces cas comme dans beaucoup d’autres, mes observations ne s’appliquent qu’au plus grand nombre.

Je termine par une réflexion à laquelle j’attache quelque importance.

M. de Tocqueville et moi publions en même temps chacun un livre sur des sujets aussi distincts l’un de l’autre que le gouvernement d’un peuple peut être séparé de ses mœurs.

Celui qui lira ces deux ouvrages recevra peut-être sur l’Amérique des impressions différentes, et pourra penser que nous n’avons pas jugé de même le pays que nous avons parcouru ensemble. Telle n’est point cependant la cause de la dissidence apparente qui serait remarquée. La raison véritable est celle-ci : M. de Tocqueville a décrit les institutions ; j’ai