Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/287

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croyances. Les presbytériens voudraient soutenir l’édifice qu’ils ont ébranlé ; les unitaires pensent qu’il est plus rationnel que la chute suive la commotion. Toutes les sectes dissidentes, qui contestent quelques dogmes, sont d’accord sur le plus grand nombre ; mais l’Église unitaire n’en reconnaît aucun. — À vrai dire, l’unitairianisme n’est point un culte, c’est une philosophie ; il forme l’anneau de jonction entre le protestantisme et la religion naturelle. C’est le dernier point d’arrêt de la raison humaine qui, partie du catholicisme, placée à la base de la religion chrétienne, monte, par tous les degrés du protestantisme, jusqu’aux sommets de la philosophie, où, étant arrivée, elle se meut dans l’espace au risque de s’y perdre.

La secte des unitaires, connus en Europe sous le nom de Sociniens, ne s’est introduite aux États-Unis que depuis vingt ou vingt-cinq ans. Boston en a été le berceau, et c’est dans cette ville qu’elle se développe aujourd’hui sous l’influence du révérend docteur Channing, le prédicateur le plus éloquent, et l’un des écrivains les plus remarquables des États-Unis. — La doctrine unitaire fait chaque jour des progrès dans les grandes cités, où l’esprit philosophique pénètre d’abord. Mais elle s’étend peu jusqu’à ce jour dans les campagnes, dont les habitants montrent, en général, beaucoup de zèle religieux.

Les presbytériens sont les adversaires les plus ardents des unitaires. Voici comment s’exprime, sur le compte de ces derniers, un ouvrage périodique publié à Boston par les presbytériens. L’auteur signale les nombreuses différences qui distinguent les unitaires des autres protestants, et il ajoute : « Aussi long-temps que ces divergences subsisteront, il ne saurait exister aucune union vraiment chrétienne entre leur culte et le nôtre, et il n’est point à désirer qu’on fasse aucun effort pour amener entre eux et nous un rapprochement qui ne serait qu’extérieur. Au fond, ce sont deux religions séparées l’une de l’autre. Il est bon que la séparation demeure aussi dans la forme ; elles ne sauraient marcher ensemble : il vaut mieux que chacune procède dans sa voie. Une scission complète, plus parfaite, s’il se peut, que celle qui existe déjà, au lieu d’accroître les difficultés,