Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

justice à son zèle, de lui signaler le côté faible de son entreprise :

« Je crois, lui dis-je, que vous ne connaissez pas bien la France ; elle est moins irréligieuse qu’indifférente. Pour aller du catholicisme au protestantisme, il faut un travail de l’intelligence et un besoin de croyances que l’indifférence exclut. Le clergé catholique a été attaqué comme corps politique utile au pouvoir, qui s’en faisait un appui ; mais comme corps religieux, il n’est pas haï. Il faut des convictions à la haine, et la France en a peu en morale et en religion. Du reste, généralement parlant, on est catholique en France, ou l’on n’est rien ; et beaucoup ne sont catholiques que de nom, qui ne se soucient point de devenir autre chose. »

Je ne sais si mes paroles ont produit sur son esprit quelque impression ; mais je n’ai point appris que le projet de la société biblique américaine ait reçu son exécution.

PAGE 38. — * Parce qu’il n’y a point de partis.

Il n’existe point de partis politiques aux États-Unis, en ce sens que tout le monde est d’accord sur le principe fondamental du gouvernement, qui est la souveraineté populaire, et sur sa forme, qui est la république. On ne voit donc en Amérique rien qui ressemble à ce que nous apercevons en Europe, où les uns veulent le despotisme, les autres la monarchie constitutionnelle, d’autres encore la république. Cependant il se forme aux États-Unis des partis sur les conséquences du principe reconnu par tous, et sur ses applications. Ce sont, au fond, des querelles de personnes, mais il faut bien que l’intérêt privé se cache sous le manteau de l’intérêt général. Cette question des partis politiques en Amérique est traitée dans l’ouvrage que va publier M. de Tocqueville sur la démocratie en Amérique. (V. t. II, ch. 2.)

PAGE 40. — * Ces exagérations…

Je blâme cet aveuglement de l’orgueil national des Américains, qui leur fait admirer tout ce qui se passe dans leur pays, mais j’aime encore moins la disposition des habitants de certaine contrée, qui, chez eux, trouvent toujours tout mal. Ces deux tendances contraires, également exagérées, s’expliquent, du reste, par la nature des institutions politiques : aux États-Unis, le peuple, faisant tout par lui-même, ne croit jamais pouvoir assez louer son ouvrage ; dans les pays d’Europe, où, au contraire, il ne fait