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DE BEAUVAIS-NANGIS. (1605.)

Nous couchasmes à la Ferté-Milon ; le lendemain, nous allasmes dîner à Fère en Tartenoys[1], d’où nous envoyasmes nos chevauls droit à Mézières, et par la traverse nous allasmes prandre la poste à Port-à-Pinson, où nous rancontrasmes un secrétaire de M. de Bassompierre, quy, arrivant la nuit à Monceaux, dit qu’il nous avoit rencontrés, que sy l’on nous eût suivy on nous eût trouvés encores à Espernay, où nous fusmes contraints de coucher, faute de chevaux de poste. Le lendemain nous allasmes à Châlons disner avec M. de Nevers, quy nous receut fort bien, nous donna un carrosse de campagne pour aller à Mézières, ce que le Roy trouva fort mauvais, et s’en plaignit à mon père, à quelques jours de là, luy disant que c’estoit un brouillon, quy faisoit toutes les choses qu’il croyoit luy estre désagréables.

Nous séjournasmes un jour à Mézières, et nous nous embarquasmes avec nos chevaulx sur la Meuse, passasmes à Fumay[2], Dinan, Namur, où nous quittasmes la rivière et allasmes à Bruxelles, où, d’abord que nous fusmes arrivés, La Roquinière, que vous cognoissez, nous vint trouver. M. du Terrail nous dit « Prenez garde à cest homme, il ne bouge de chez l’ambassadeur de France. » Ledit La Roquinière nous dit qu’il avoit grande joye de nous voir ; qu’il y avoit longtemps que les François, quy estoient en ce pays là, nous attendoient avec grande impatience, pour l’espérance qu’ils avaient que nous ferions quelque chose de bien ; qu’il nous conseilloit de ne point voir

  1. Fère en Tardenois, bourg du département de l’Aisne.
  2. Petite ville du département des Ardennes.