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Page:Beauvau - Souvenirs, éd. Standish, 1872.djvu/328

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MÉMOIRES DU MARÉCHAL

nommé gouverneur de Provence qu’il fit ce que lui inspirait toujours son caractère. Il tenta d’abord de faire rendre à cette province les États qu’on lui avoit ôtés. Il s’occupa de Marseille qu’il regardoit avec raison comme le centre et la cause des richesses de la Provence. Il a fait ce qu’il a pu pour faire agrandir son port devenu trop petit pour l’agrandissement de son commerce. Son arsenal avoit été vendu à la municipalité, qui n’avoit fait encore aucun usage de ce terrain. On l’employa bientôt en embellissements qui n’ont pas été aussi parfaits qu’ils dévoient l’être, parce que les municipaux préférèrent les plans des architectes qu’ils protégeoient, aux plans des architectes les plus célèbres de Paris que M. de Beauvau avoit consultés.

Ces embellissements étoient de très-belles maisons, dont plusieurs furent destinées à des établissements d’une utilité publique, un des beaux quais du royaume, un canal dont le commerce tire de grands avantages, enfin une salle de comédie comparable aux plus belles de l’Europe.

Le privilège des spectacles rendoit dans presque toutes les provinces, un profil dont les gouverneurs disposoient le plus ordinairement pour les personnes attachées à leur service, pour leurs protégés, ou ce qui est plus honteux, pour eux-mêmes. M. de Beauvau voulut que tout l’argent que rendoit le privilège des spectacles à Marseille, fût destiné aux matelots pauvres. Qu’il me soit permis d’entrer dans quelques détails sur la distribution de