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LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

port, ni Teresina Pitti, ni duchesse de Fornaro, je suis ton esclave !

— Et moi, je suis ton maître ! dit le masque en se levant et en étreignant de son bras de fer la main déjà glacée de la duchesse. Tiens, regarde-moi, si tu en as le courage !

— Samuel !

— Oui, Samuel ! poursuivit le masque en rabaissant alors sur son visage le satin noir qu’il avait soulevé. Tremble, maintenant, je vais me venger.


XXX

SAMUEL.


Au cri de détresse arraché par les paroles de Samuel, à Teresina, la foule des danseurs se pressa autour d’elle, pleine de trouble et d’épouvante.

— Qu’avez-vous ? demanda Charles à la duchesse.

— Rien… répondit-elle ; la chaleur, sans doute… Votre bras, monsieur le comte, ajouta-t-elle à voix basse ; j’ai peur ici !

Et Teresina parut vouloir rejoindre les groupes animés du bal.

— Que s’est-il donc passé ? continua Charles, observant Teresina ; vous êtes bien pâle !

— Ne m’interrogez pas, car je ne puis rien vous dire, continua-t-elle brisée par la peur. Je ne sais pourquoi, mais il va se passer ici d’affreuses choses.

— Teresina, vous n’étiez pas seule dans ce boudoir ; un homme causait avec vous. Je saurai quel est cet homme.

— La collation de M. le comte est servie, dit Bellerose qui survint ; qu’a donc madame la comtesse ?

En même temps, Charles et lui cherchèrent des yeux le capitaine la Ripaille.

— Bellerose, lui dit Charles, il faut que tu m’amènes ce capitaine, il doit tout savoir, il était là…