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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

olympien, répondit Roquelaure. C’est la première fois que madame la maréchale songe à moi.

— C’est peut-être parce que vous ne songez plus à elle. En vérité, continua Cavoie sur le même ton, vous voilà singulièrement costumé ! Les foudres de Jupiter au lieu du bâton de maréchal !

— Que voulez-vous, Junon l’a exigé. Ma femme, c’est Junon… et vous pouvez la voir d’ici causant avec Grammont en berger Pâris. Ce pauvre comte de Grammont ! il ne sait pas trop à qui présenter la pomme.

— Qu’il la coupe en deux, dit le marquis du Lude ; il la donnera en partage à madame d’Alluye et à mademoiselle de Retz.

— Deux rivales ! Y songez-vous ? Ne vous souvenez-vous plus qu’il y a à peine un an madame d’Alluye consolait Lauzun à Amboise dans son exil, et qu’à pareille époque, mademoiselle de Retz ne témoignait pas moins de compassion au prisonnier ? Elle lui écrivait des lettres dignes de Voiture.

— C’est vrai. Que n’est-il là, ce brillant Lauzun ! il les mettrait vite d’accord. Mais il est à Pignerol, et du diable si le roi l’en tirera, malgré la bonne volonté de Mademoiselle !

— Il est vrai, reprit la Fare, qu’il pourrait reconnaître ici plus d’une belle dont il s’est déclaré le soupirant au temps de sa faveur, et avant qu’il épousât au Louvre la cousine germaine de Sa Majesté. Voyons, comptons sur nos doigts…

— Je ne compte pas, dit le maréchal d’Humières en tournant le dos à la Fare.

— Ni moi, dit le duc de Roquelaure.

— Ni moi, dit le prince de Monaco qui venait de s’approcher. À quoi bon, messieurs, nous occuper du passé de M. de Lauzun ? ajouta le prince, qui avait ses raisons pour éviter, à ce sujet, tout examen rétrospectif ; cela regarde