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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Lauzun avait écouté Riom avec une impatience visible. Quand il eut fini, il le conduisit, pour toute réponse, à ce même boudoir où la scène s’était passée. Agité, hors de lui-même, il ouvrit à son neveu chacune des portes, et lui fit visiter leurs cabinets.

— Eh bien, tu le vois, aucune issue ! Regarde : elles étaient là toutes trois.

— Voici bien trois cachettes ; c’est vrai, dit Riom.

— Le coup de théâtre était certain.

— Certain.

— Monaco et Roquelaore devaient être anéantis.

— Oui, si le tour eût eu lieu.

— Enfin, dit Lauzun, Lavardin a pu voir de ses yeux madame d’Humières.

— Ah ! pour celle-ci, mon oncle, elle ne compte pas.

— C’est la seule, pardieu que le diable m’ait laissée.

— Le diable a bon goût, reprit Riom. Vous ne savez pas ce qu’il a fait des deux autres ?

— Ma foi, non.

— En attendant, voici les nouvelles : Le maréchal d’Humières a grondé sa femme, et Lavardin l’a battue.

— Tant mieux ! Enfin, Riom, tu vois si j’avais pris mes mesures. Un génie affreux, infernal, me contrecarre dans tout ; il a juré ma ruine.

— J’ai ouï dire, mon oncle, qu’il s’était passé autrefois, dans cet hôtel, des choses émerveillables.

— J’en suis peu surpris, il regarde la rue Saint-Paul où la Brinvilliers faisait sa cuisine.

— À votre place, je ferais ma ronde exactement.

— Je la fais.

— J’aurais quelques gens de M. de la Reynie.

— J’en ai trois.

— Enfin, je demanderais à l’évêque d’Agen ou à l’abbé de Dangeau, ou même au père Feuillet, trois amis de votre mère, de passer une nuit dans mon hôtel.