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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

je suis trop galant homme pour ne point acquitter toutes mes dettes.

— M. de Lauzun s’écrièrent-ils tous d’une commune voix.

Les deux portes dorées de la galerie s’étaient ouvertes ; Lauzun venait en effet d’entrer.


III

ROUERIES DE COUR.


Tous les regards venaient de se porter vers le personnage qui apparaissait ainsi comme le dénouement imprévu de cette scène.

Bien qu’il eût dû le reconnaître à sa voix, plus d’un spectateur réprima un léger frisson, car en ce quartier on avait parlé autrefois de morts bizarres, à commencer par celles de Gérard le passeux et de maître Philippe Gruyn le cabaretier, jusqu’à la fin tragique de Pompeo et de Samuel, arrivée dans l’hôtel même.

Après Charles Gruyn, l’hôtel de l’île Saint-Louis avait passé à un petit nombre de propriétaires assez obscurs[1].

Les premiers l’avaient à peine habité, les seconds, impuissants à le conserver, l’avaient laissé saisir et mettre en criées aux requêtes de l’Hôtel, évoquées depuis en la cour des Aides.

Les voisins et les habitants de l’Île Saint-Louis se racontaient entre eux une foule d’histoires lamentables.

Tantôt c’était un fantôme traînant des chaînes, qui ve-

  1. Entre 1610 et 1682, M. de Grandmaison occupa cette demeure. On lit dans la première édition de la Description de Paris, par Germain Brice, que la première maison de l’Île Saint-Louis, qu’on doit voir en entrant par le pont Marie, est celle du sieur de Grandmaison, qui paraît solidement bâtie et doit les dedans sont très beaux. L’auteur passe de là à la description détaillée de l’hôtel Lambert, voisin de l’hôtel Pimodan.